Santé mentale et bien-être des personnes âgées

Psychiatre et gériatre, attaché à la Pitié Salpétrière, le Professeur de Ladoucette donne des cours à Paris V. Il est également l'auteur de nombreux livres sur le thème du vieillissement. Il est président fondateur de la Fondation IFRAD (www.ifrad.org)

Si sur le plan physique le vieillissement Quel a été votre cheminement dans l'élaboration du rapport sur la "santé mentale et le bien être des personnes âgées? "

Psychiatre et gériatre de formation, je suis particulièrement sensibilisé à la question d'un vieillissement réussi. L'idée fondamentale de ce rapport est de montrer que l'on ne peut pas faire l'économie de la dimension psycho-sociale dans l'étude de l'avancement en âge. Un aspect qui aujourd'hui n'est pas suffisamment pris en compte. En effet, bien vieillir c'est rester relier à son environnement, donner du sens à sa vie. Si sur le plan physique le vieillissement s'apparente à gérer un déclin, sur le plan psychologique et social c'est la possibilité de vivre d'autres choses porteuses de transformations positives.

Donner du sens à sa vie et rester en lien avec son environnement, sont des préceptes valables tout au long de la vie. En quoi revêtent-ils une dimension particulière avec l'avancée en âge ?

Les personnes jeunes sont occupées à construire leur vie sociale, affective, professionnelle. Un certain nombre de rites, d'obligations rythment leur vie, et finalement canalisent cette évolution. En vieillissant les possibilités de choix de vie sont plus étendues et surtout les personnes disposent de plus de temps pour y réfléchir. Pour paraphraser un célèbre gériatre on vieillit comme on a vécu et comme on vit. Il s'agit d'un continuum. Et par conséquent il est primordial de garder la capacité à se définir des objectifs et de donner du sens à sa vie.

Quelle politique de prévention préconisez-vous ?
Bien sûr tout un volet de la prévention concerne les maladies physiques connues. Mais une telle politique doit aussi aider les personnes à avancer en âge en leur permettant de comprendre où va leur vie, d'être à l'écoute de leurs émotions. A ce titre des formations en développement personnel leur donneraient des moyens de surmonter les difficultés liées à l'âge comme l'isolement, l'indifférence et le sentiment d'inutilité.

Favoriser un vieillissement réussi renvoie également à la place que la société veut donner à ses aînés. Cela demande une réflexion globale pour à la fois dégager une politique générale du vieillissement et aussi que chaque acteur puisse agir et repousser les lignes pour plus de bienveillance à l'égard des aînés. Notre société va finir par y arriver d'autant plus que la génération des « baby-boomers » avance en âge.

Quels sont selon vous les principaux acteurs de l'accompagnement d'un vieillissement réussi ?

J'identifie quatre grands types d'acteurs:

• Les politiques : avec la nécessité d'une impulsion au niveau national articulée avec les collectivités locales, pour une mise en œuvre au plus près des besoins de chaque territoire.
• Les médias qui véhiculent une certaine vision du vieillissement
• Les professionnels de santé dans leur approche du soin aux personnes âgées
• Le monde économique avec les entreprises et notamment le développement de produits pour les seniors.

Peut-on s'inspirer de modèles à l'étranger d'un vieillissement réussi ?

C'est effectivement une démarche intéressante, mais en prenant en considération une limite qui tient aux spécificités culturelles. Ces dernières empêchent une transposition directe des modèles observés.

Cependant on peut citer deux exemples, l'un basé sur une approche plutôt économique et l'autre sur une vision plus sociétale du vieillissement.
Ainsi, le Japon qui connaît un fort vieillissement de sa population a su créer et développer une réelle économie du 3ème âge.
Les pays Scandinaves ont quant à eux, mis en place une politique favorisant une meilleure intégration des personnes âgées dans la société, par notamment le développement de réseaux et de structures d'accueil.