Dans le cadre de la campagne de prévention Mars Bleu, concernant le dépistage organisé du cancer colorectal, l'ARS, l'ADECA et tous leurs partenaires ont souhaité coordonner leurs actions sur l'ensemble de la Franche-Comté autour d'un concept un brin décalé : la chasse aux polypes est ouverte !
Chiffres clés
Synthèse de l'opération
Mars Bleu est une opération nationale visant à sensibiliser les hommes et les femmes entre 50 et 74 ans au dépistage du cancer colorectal.
Ce cancer provoque 17 700 décès par an en France, il est le 3e cancer le plus fréquent et le 2e cancer le plus meurtrier.
En Franche-Comté, le taux de réponse au dépistage organisé est de 36,3 % pour 2013.
L'objectif européen visé est de 65 % de participation à moyen terme et de 45 % à court terme.
De nombreux freins persistent quant à la pratique du test : confusion avec la coloscopie, tabou de la manipulation des selles, tabous liés à la partie corporelle intime concernée, peur de l'annonce d'un diagnostic positif.
Aujourd'hui, presque 4 personnes sur 10 font le test en région Franche-Comté.
L'enjeu de la campagne régionale Mars Bleu 2014 est donc de gagner en nombre de dépistages réalisés.
L'ADECA-FC (Association pour le dépistage des cancers en Franche-Comté) est la structure chargée du dépistage dans la région Franche-Comté.
Son action a permis la prise en charge de nombreux cancers, de plus en plus précocement diagnostiqués, donc avec les meilleures chances de guérison.
En 2014, l'ARS mobilise des moyens supplémentaires aux cotés de ses partenaires afin de rendre Mars Bleu encore plus visible et efficace, grâce à une opération de communication itinérante qui permet d'aller directement à la rencontre des hommes et des femmes concernés par le dépistage dans les zones prioritaires, mais pas seulement.
En effet, les meilleurs relais auprès du grand public restent les médecins généralistes, qui remettent le test et en expliquent le fonctionnement.
Il convient donc de les sensibiliser également pour avoir un effet durable au-delà de la campagne sur 2014.
Pour cela, l'ARS a souhaité lever les tabous existants en décrétant que « La chasse aux polypes est ouverte ! ».
Ce concept a pris forme car la cible privilégiée des gastro-entérologues c'est le polype...
une tumeur initialement bénigne qui se développe à partir de la muqueuse du côlon ou du rectum et qui peut devenir un cancer dans un délai de 10 à 20 ans.
Lorsqu'on parle de polypes, on évite d'aborder les mots anxiogènes comme « cancer colorectal » et on détourne le sujet des parties intimes concernées.
Concrètement, un programme d'actions sera déployé à travers toute la Franche-Comté du 6 mars au 1er avril, pour sensibiliser les personnes concernées par le dépistage.
Pour aller au contact de la population, un fourgon aux couleurs de mars bleu sillonnera la région avec à son bord des professionnels de l'ADECA-FC et une équipe d'animatrices déguisées en polypes.
Les animatrices sensibiliseront les passants aux enjeux du dépistage et proposeront de jouer à la « chasse aux polypes » sur le stand multimédia prévu à cet effet.
A cette opération prévue sur les principaux marchés de la région, s'ajoutera l'arrivée en Haute-Saône d'un Côlon Géant gonflable les 7 et 8 mars qui permettra d'informer de manière pédagogique et de visualiser le développement progressif de ce cancer.
Un second stand d'information et d'échange convivial appelé « café bleu », sera également présent à certaines étapes.
Un kit de communication sera adressé aux médecins généralistes.
Il est destiné à être déposé dans leur cabinet et leur salle d'attente de manière à pouvoir engager plus facilement le dialogue sur le dépistage du cancer.
Pour terminer, un clip réalisé avec le Pr Borg du CHU Minjoz et une habitante de Belfort est à la disposition des journalistes pour diffusion sur internet et supports digitaux.
Il sera également diffusé à toutes les séances des Mégarama de Besançon et Audincourt sur toute la période du mois de Mars.
Programme des actions coordonnées par l'ADECA
DOUBS
AUDINCOURT
BESANÇON
PONTARLIER
JURA
DOLE
LONS-LE-SAUNIER
TERRITOIRE DE BELFORT
BELFORT
HAUTE-SAÔNE
GRAT
LURE
VESOUL
Le dépistage en pratique : une stratégie en deux temps
Premier temps du dépistage : le test de recherche de sang occulte dans les selles
Le test nécessite trois selles consécutives.
Il consiste à prélever, sur chaque selle, deux échantillons de la taille d'un grain de riz et à les déposer sur une plaquette.
Afin d'en faciliter la réalisation, un dispositif de recueil des selles et des bâtonnets pour les prélèvements sont fournis avec le test.
Une fois les six prélèvements effectués, la personne envoie le test au centre de lecture, en y joignant la fiche d'identification fournie par le médecin ou incluse dans l'invitation de la structure de gestion (ADECA).
Les résultats de l'analyse sont transmis à la personne concernée, à son médecin traitant ainsi qu'à la structure de gestion, en vue du suivi du programme.
Dans 97 % à 98 % des cas, le test est négatif, ce qui signifie qu'aucun saignement n'a été détecté et la personne est invitée à le renouveler deux ans plus tard.
La sensibilité du test est modeste (50 % à 60 %) : il permet de dépister, avant tout symptôme, la moitié des cancers présents.
Les faux négatifs sont les cancers présents qui ne sont pas détectés par le test. Pour certains, ils seront détectés encore à des stades précoces deux ans plus tard, d'où l'intérêt de pratiquer un dépistage tous les deux ans.
Pour d'autres, ils seront détectés suite à des symptômes.
Un test positif (2 % à 3 % des cas), ne signifie pas que l'on a un cancer, il indique que du sang a été détecté dans les selles.
Pour en identifier l'origine, le médecin oriente alors son patient vers un gastroentérologue
pour la réalisation de la coloscopie. Dans ce cas, la personne n'est plus concernée par le programme de dépistage organisé, soit pour une durée de 5 ans, soit définitivement du fait de la mise en place d'une surveillance individualisée.
Le rôle central du médecin traitant
Le médecin traitant occupe un rôle central au sein du dispositif.
Son rôle est déterminant dans l'adhésion du patient au programme de dépistage organisé du cancer colorectal.
Il évalue les situations d'exclusion du dispositif en fonction des facteurs de risque du patient, et remet le test, en expliquant ses modalités de réalisation et les conséquences en cas de positivité.
Second temps : la coloscopie
Effectuée par un gastroentérologue, pour les personnes ayant un résultat de test positif, la coloscopie constitue actuellement l'examen de référence pour mettre en évidence d'éventuelles anomalies du côlon ou du rectum.
Elle permet aussi de retirer des polypes bénins (avant qu'ils n'évoluent en cancer) ou plus rarement des polypes malins.
Dans près de la moitié des cas, la coloscopie ne détecte aucune anomalie.
Dans environ 40 % des cas, elle détecte un polype ou adénome et dans un peu moins de 10 % des cas, un cancer.
Le test immunologique
Les modalités de ce programme vont prochainement évoluer puisque qu'il a été décidé pour 2014, la substitution des tests au gaïac (Hémoccult®) par de nouveaux tests immunologiques utilisant des anticorps dirigés contre des protéines du sang humain.
Ces tests immunologiques présentent une sensibilité plus élevée que le test au gaïac pour la détection des cancers et surtout des adénomes avancés.
Les meilleures performances du test immunologique sont susceptibles d'augmenter la confiance des médecins généralistes et leur adhésion au programme, dont on sait qu'elle est un facteur important dans la participation de la population.
Dans l'intervalle, le test actuel au Gaiac reste un test qui a démontré son utilité et il est à proposer dans le cadre de ce programme national de dépistage organisé jusqu'à l'introduction du test immunologique.
État des lieux du cancer colorectal et du dépistage organisé
Un dépistage précoce pour mieux soigner
Le cancer colorectal est une tumeur maligne de la muqueuse du côlon ou du rectum.
Avec 42 152 nouveaux cas estimés en France en 2012 dont 55 % chez l'homme, il est le 3e cancer le plus fréquent et le 2e cancer le plus meurtrier avec 17 722 décès par an (1).
Les taux de mortalité observés diminuent régulièrement depuis les années 80 chez l'homme comme chez la femme témoignant d'une amélioration de la survie des patients.
On estime que 60 % à 80 % des cancers colorectaux se développent à partir de petites tumeurs généralement bénignes : les polypes. Certains types de polypes (adénomateux ou adénomes) peuvent avec le temps se transformer en cancer.
Environ 10 % de ces adénomes atteignent 1 cm de diamètre et parmi ceux-ci, un quart environ deviendront des cancers. Ce processus s'échelonne sur une dizaine d'années.
Le cancer colorectal évolue souvent dans un premier temps sans symptôme ou signe avant-coureur.
Il est, de ce fait, diagnostiqué parfois tardivement et nécessite alors des traitements lourds.
Or, le dépistage peut permettre d'identifier la maladie à un stade très précoce de son développement, voire de détecter des adénomes, avant qu'ils n'évoluent vers un cancer.
Le bénéfice du diagnostic précoce s'avère particulièrement important car le pronostic est étroitement lié au stade de développement de la maladie.
Lorsque ce cancer est détecté à un stade précoce, le taux de survie à 5 ans après le diagnostic dépasse 90 %.
Le dépistage peut donc permettre d'agir sur la baisse de la mortalité par cancer colorectal mais aussi sur la qualité de vie du patient, avec des traitements moins lourds.
En Franche Comté
Comme dans le reste du territoire national, le cancer colorectal est un cancer fréquent avec près de 800 nouveaux cas estimés par an et plus de 300 décès.
Pour les hommes et les femmes de 50 à 74 ans, c'est tous les deux ans
Sont concernés par ce dépistage les hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans sans symptômes apparents ni histoire familiale ou personnelle d'adénome ou de cancer colorectal.
Cette tranche d'âge est particulièrement ciblée car près de 95 % des cas de cancers colorectaux surviennent après l'âge de 50 ans.
Le programme de dépistage organisé repose sur un test de recherche de sang occulte (non visible) dans les selles puis, en cas de positivité du test, sur la réalisation d'une coloscopie.
Les structures en charge de l'organisation des dépistages invitent, tous les deux ans, par courrier, les personnes concernées à consulter leur médecin traitant.
Si le patient est éligible au dépistage organisé, le médecin lui remet alors le test qui est à réaliser à son domicile.
Le test et sa lecture sont pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie.
Dans tous les cas, c'est au médecin traitant de déterminer le niveau de risque de son patient, en fonction de son histoire personnelle et/ou familiale, après avoir évalué son état de santé et recherché la présence de signes d'alerte particuliers.
Les personnes présentant un niveau de risque élevé, doivent être orientées vers un gastroentérologue (antécédent personnel, familial, etc.).
Un plan national coordonné par des acteurs régionaux
A la suite de différentes expérimentations menées dans 23 départements pilotes entre 2002 et 2007, le programme de dépistage du cancer colorectal a progressivement été généralisé fin 2009 sous forme d'un programme national qui répond à un cahier des charges très précis.
Ce programme national est mis en oeuvre au niveau local par des structures de gestion qui sont financées par l'Assurance maladie, l'Agence régionale de santé et pour certaines d'entre elles par les Conseils généraux.
Ces structures envoient les invitations aux personnes ciblées par le dépistage et participent à la sensibilisation et à l'information de la population concernée.
Elles organisent également la formation des médecins et des professionnels de santé sur le dépistage et veillent à la qualité du dispositif.
Elles s'assurent du suivi des personnes et transmettent les données anonymisées nécessaires à l'évaluation à l'Institut national de Veille Sanitaire.
En Franche-Comté
L'Association pour le dépistage des cancers (ADECAFC) a été désignée comme structure unique de gestion pour les quatre départements.
C'est à ce jour la seule structure à vocation régionale en France.
Il s'agit d'une association loi 1901 qui travaille en lien avec les médecins généralistes et spécialistes publics et privés.
Son financement est assuré par l'Assurance maladie, l'ARS et le Conseil général de la Haute-Saône.
La première campagne de dépistage du cancer colorectal a débuté dans les quatre départements de la région en juin 2008.
La population cible concernée est de 340 000 personnes.
Actuellement la troisième campagne est en cours (juin 2012 à juin 2014).
Un taux de participation très inférieur aux objectifs européens (2)
Sur la période 2011-2012, près de 5 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage, ce qui représente une participation nationale de 31,7 % sur la population ciblée (32,1 % en 2010-2011).
Elle est inférieure à l'objectif européen minimal acceptable de 45 % de participation, loin derrière le taux souhaitable de 65 %.
La participation est par ailleurs inégale selon les régions et les départements. Trente-trois départements ont des taux inférieurs à 30 %.
On constate que les personnes de plus de 60 ans adhèrent davantage au programme que les individus plus jeunes, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes.
Avant 60 ans, la participation reste plus élevée chez les femmes.
En Franche-Comté
Le taux de participation est actuellement supérieur à la moyenne nationale notée sur la période 2011-2012, il est de 36,3 % en 2013.
Ce taux de participation a augmenté en 2012 dans les quatre départements francs-comtois.
Cependant il existe des inégalités dans les taux de participation qui varient comme ailleurs en France selon les départements, avec des disparités observées : 37 % dans le Doubs, 37,3 % dans le Jura, 34,5 % en Haute-Saône et 35 % dans le Territoire de Belfort.
Lors de la deuxième campagne qui s'est déroulée de juin 2010 à juin 2012, il a été constaté notamment que parmi les personnes ayant consulté leur médecin traitant, neuf personnes sur 10 ont réalisé le test (3).
Comme pour le reste de la France, ce sont les femmes qui participent mieux que les hommes (53 % contre 47 %).
La détection de sang dans les selles était positive chez 2,8 % des personnes.
Au total, sur 5784 coloscopies réalisées dans le cadre du dépistage organisé, il a été diagnostiqué 480 cancers et 2500 polypes (bénins et à risques), 49 % des coloscopies étaient normales.
Le dépistage organisé, un des axes majeurs du Plan cancer (3)
Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal est aujourd'hui bien établi mais la participation de la population reste peu élevée.
La situation observée nécessite de poursuivre les efforts menés par tous les partenaires en termes d'information et de sensibilisation notamment auprès des personnes les plus touchées par les inégalités de santé territoriales, socio-économiques et culturelles.
Il s'agit d'ailleurs d'un des axes importants prévus dans le Plan cancer 3 annoncé le 4 février 2014 par le Président de la République, qui renforce la politique publique en matière de dépistage des cancers.
Le nouveau Plan cancer prévoit en effet de lutter contre les inégalités de recours et d'accès aux dépistages et accroit l'efficience des programmes, afin de réduire la mortalité évitable et la lourdeur des traitements liés à une prise en charge tardive.
Ce plan insiste également sur la nécessité de délivrer aux personnes concernées et aux professionnels qui les accompagnent, une information transparente sur les bénéfices, inconvénients, limites ou éventuels risques liés aux dépistages dans l'objectif de favoriser l'adhésion éclairée lorsque la balance entre les bénéfices et les risques est favorable.
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