Depuis sa création, il y a 19 ans, l'association JNA promeut la nécessité de mieux considérer l'audition des Français dans leur parcours de soin.
En cela, elle a été précurseur d'un nouveau mouvement pour dépasser le tabou de la déficience auditive, vue pendant longtemps au travers du seul filtre du handicap.
Comme le signifiait le Pr. Lionel Collet, Conseiller d'Etat lors de son témoignage à l'occasion de l'édition de la JNA 2015, « du chemin a été parcouru » et il y a 5 ans, l'association a initié le concept de santé auditive. Elle porte depuis ce leitmotiv auprès des pouvoirs publics et de l'ensemble des acteurs de la prévention et de la santé en France. Aujourd'hui, les différentes associations de prévention se font relais de ce concept.
Pourquoi ?
Attendre que la déficience soit à un stade de handicap était réducteur et trop tardif. Le risque sanitaire existe et il est déjà présent. En effet, la déficience auditive touche un grand nombre de personnes jeunes et moins jeunes et dépasse la seule population des plus de 60 ans. Jusqu'à présent, les actions de prévention étaient orientées sur l'alerte des risques auditifs. Les consommations de musique via les baladeurs numériques, les expositions sonores en discothèque ou concert étaient alors la (seule) cible des acteurs de la prévention.
Encore aujourd'hui, l'écoute du MP3 fait l'objet de campagnes répétitives de prévention, au risque de saturer les jeunes et produire un contre effet.
Oui, la consommation à fort volume et sur une longue durée abîme prématurément les cellules sensorielles de l'oreille. Cela est indéniable.
Mais pour agir sur la santé, il est nécessaire d'intégrer que la préservation de l'ouïe est une affaire d'hygiène de vie et d'éducation aux bonne pratiques de « santé auditive » à tous les âges de la vie. Cela donnera du sens à la nécessité de modifier les pratiques d'écoute. Ensemble, développons d'éducation à la santé auditive pour tous.
L'ouïe, l'un de nos 5 sens, dépend de la qualité de notre audition. Ce sens nous est essentiel pour être touché par le monde sonore et communiquer avec lui. Aussi, il est un élément de l'équilibre général. Un déséquilibre de ce sens et c'est un maillon de la chaîne qui se déstabilise : vie sociale impactée, état de santé physique et psychologique détérioré à tous les âges de la vie. Par conséquent, prendre soin de son ouïe, est un prérequis pour Bien Vivre et Bien Vieillir ; tout simplement pour profiter de la vie.
En cela, nous devons intégrer l'audition dans notre hygiène de vie et de santé et développer les bonnes pratiques de santé auditive. Cela relève d'actions d'éducation à la santé.
Pour l'association JNA, il est nécessaire de développer une politique de santé auditive au sein de la politique de santé publique. Cela repose sur l'intégration et la généralisation de bilans auditifs réguliers et sur l'éducation aux bonnes pratiques de santé auditive. Grâce à ces développements nous réduirons les coûts de santé publique en améliorant l'état général de santé des Français et pas uniquement celui des plus de 70 ans, lorsque le problème surgit avec ses impacts sur les maladies dégénératives liées au vieillissement.
« Ensemble, développons la santé auditive pour tous » est le leitmotiv que l'association JNA véhiculera auprès des Français lors de la 19ème édition de la campagne nationale « Journée Nationale de l'Audition du jeudi 10 mars 2016.
A cette occasion, nous ne parlerons pas seulement de handicap mais de santé et de plaisir d'entendre le plus longtemps possible. Le premier de ces plaisirs réside en la capacité d'entendre ses proches et de pouvoir communiquer avec eux. Selon les scientifiques, la relation sociale est la plus puissante des stimuli sur notre développement cognitif. Le mouvement général de la santé auditive est initié.
Pour plus d'informations sur la journée de l'audition
La santé auditive, un élément clé de l’équilibre général de la santé des seniors
Nous avons cinq sens, et certains peuvent nous sembler plus importants que d’autres.
Finalement, si l’on entend moins bien, ce n’est pas si grave. Il suffit d’augmenter le volume de la télévision ; et tant pis si l’on n’arrive pas à suivre précisément une conversation.
Pourtant, la perte d’audition peut avoir de grandes conséquences, et ne doit pas être prise à la légère, particulièrement chez les seniors.
D’après une enquête JNA-IPSOS de 2013, 1 senior sur 3 aurait souvent ou parfois des difficultés à entendre. Un problème qui s’amplifie avec l’âge. La perte de l’audition concerne 40 % des 60-70 ans, et plus de la moitié des plus de 80 ans. Il s’agit d’un phénomène naturel de vieillissement des cellules sensorielles de l’oreille appelé la presbyacousie.
Des études ont montré que la presbyacousie peut entraîner des troubles intellectuels, notamment des pertes de mémoire. La perte de l’audition se traduit par l’incapacité à agir avec son environnement. Le repli sur soi devient inévitable. Isolement, énervement, fatigue, manque de stimulation intellectuelle, sont autant de facteurs qui accélèrent le déclin cognitif. Les neurones qui ne sont plus sollicités finissent par mourir. Le risque de démence s’accroît. Porter ses aides auditives toute la journée permet de continuer à communiquer et à stimuler le cerveau.
Il s’agit là d’un levier indispensable pour mieux vieillir qui a des effets bénéfiques sur la santé générale.
La perte de l’audition n’est pas une fatalité.
Dès les premiers signes de gênes (difficultés de compréhension de la parole, maux de tête, fatigue…), parlez-en à votre médecin et consultez un ORL.
Il est nécessaire de réaliser un repérage précoce (dès 45 ans), pour mettre en place un accompagnement adapté.
L’association Journée Nationale de l’Audition qui existe depuis 18 ans travaille toute l’année pour informer et prévenir le public des enjeux de la santé auditive.
En 2014, près de 250 000 personnes en France ont pu bénéficier gratuitement d’un contrôle de l’audition dans l’un des 2 300 points relais de la campagne de sensibilisation.
La prochaine édition du jeudi 10 mars 2016 mobilisera de nouveau l’ensemble des professionnels de la santé et de la prévention en vue de généraliser les tests de l’audition en France.
Cette édition sera orchestrée en coordination avec l’OMS.
Pertes d’équilibre et chutes, avez-vous pensé à tester votre audition ?
Trois questions au Professeur Hung THAI-VAN, ORL et chercheur au Centre des Neurosciences de Lyon (INSERM U1028 - CNRS UMR5292), Chef du service d’Audiologie & d’Explorations Fonctionnelles Otoneurologiques au CHU de Lyon.
1/ Quel est le rapport entre vieillissement de l’audition et perte de l’équilibre ?
Six millions de français sont atteints de troubles de l’audition. Parmi eux, 60% ont plus de 55 ans. S’il est bien connu que le vieillissement naturel de l’audition, ou presbyacousie, peut retentir significativement sur la qualité de vie dès l’âge de 50 ans, on oublie souvent qu’organe de l’audition (cochlée) et organe de l’équilibre (vestibule) sont tous les deux situés dans l’oreille
interne. Ils partagent la même origine embryologique.
L’équilibre, notre 6ième sens, subit tout autant que l’audition les conséquences du vieillissement neurosensoriel qui se manifeste notamment par une diminution du nombre de cellules ciliées dans les deux organes.
A ce titre, il est très important de pouvoir repérer ce vieillissement et mettre en route précocement des méthodes de remédiation adaptées. Loin de s’opposer, ces approches thérapeutiques se potentialisent pour apporter un meilleur confort de vie.
2/ Quelles en sont les conséquences et existe-t-il des signaux d’alertes ?
La perte de l’audition, non prise en charge, confine à l’isolement social et à la perte des réactions d’alarme.
Le premier symptôme qui doit alerter est la gêne à l’écoute en présence de bruit. Les travaux du Pr Lin conduits au Johns Hopkins Hospital (Baltimore, Maryland) ont montré qu’à partir de 60 ans, le risque de développer une maladie d’Alzheimer augmente de 20% par 10 décibels supplémentaires de perte d’audition.
En parallèle, la perte de la fonction d’équilibration (fonction vestibulaire) avec l’âge, ou presbyvestibulie, concourt au fléau que sont les chutes à répétition de la personne âgée.
Les symptômes qui doivent alerter sont décrits comme une instabilité croissante et/ou des sensations vertigineuses brèves survenant volontiers au changement de position.
En fait, les chutes du sujet âgé ont des causes plurifactorielles incluant, outre la perte de la fonction vestibulaire, des troubles de la coordination musculo-squelettique, une diminution de la sensibilité profonde, des difficultés dans l’appréciation de la profondeur du champ visuel couplées à une chute de la vision des contrastes, et une désorganisation des stratégies posturales acquises depuis l’enfance. Il s’agit là d’un immense problème de santé publique puisque 2 millions de personnes de plus de 65 ans chutent chaque année en France. Les blessures causées par ces chutes représentent une cause majeure de douleurs chroniques, d’incapacité fonctionnelle (fractures du col du fémur), de perte d'indépendance et même de mort prématurée. Le fait de chuter est un marqueur prédictif de mortalité à 6 mois.
3/ Qui doit se faire dépister et comment procéder ?
Vous l’aurez compris, la comorbidité des troubles de l’audition et des troubles de l’équilibre lors du vieillissement explique que des campagnes de dépistage communes aux deux types de troubles doivent cibler tous les patients à risque de chutes. Parmi eux, certains ont un risque avéré : ils sont apparemment en bonne santé mais ont déjà chuté alors que des évaluations
neurologiques et ophtalmologiques se sont souvent révélées normales. D’autres ont un risque potentiel : ils n’ont jamais présenté de chutes mais se plaignent de pertes d’équilibre ou de vertiges ; ils sont référés par leurs médecins traitants ou gériatres.
Les procédures de dépistage sont aujourd’hui réalisées dans des centres spécialisés.
Elles doivent idéalement reposer sur un bilan audiologique pratiqué selon les règles de l’art audiométrie vocale dans le silence et dans le bruit, examen objectif de la fonction endo-cochléaire) couplé à un examen de l’équilibre postural statique et dynamique avec évaluation clinique et instrumentale de la fonction vestibulaire.
Dans tous les cas, la prise en charge rééducative des personnes avec risque de chute à l’issue d’un bilan spécialisé est un travail d’équipe qui doit tenir compte des déficits concomitants dont souffre le patient: sensoriels, musculo-squelettiques et cognitifs.
Santé & Seniors : actualité santé pour les personnes âgées