Une première mesure d'un plan d'action coordonné avec la Direction générale de la santé contre le mésusage de ces produits et impliquant aussi l'ANSM.
La consommation des benzodiazépines reste à un niveau très élevé en France.
Les mésusages sont fréquents et les résultats de récentes études scientifiques suggèrent que les effets secondaires de ces molécules pourraient être plus importants que ceux bien connus des médecins et des patients, toutes classes d'âge confondues.
Devant ce constat, la Direction générale de la santé (DGS), la Haute autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s'engagent dans un plan d'action concerté visant à une consommation raisonnée et à une utilisation responsable des benzodiazépines.
La HAS lance aujourd'hui, 25 septembre 2012, une campagne d'information pour inciter à une réduction de la prescription des somnifères et à une meilleure prise en charge des troubles du sommeil chez les personnes âgées, largement concernées par le mésusage des benzodiazépines.
En lien avec les professionnels de santé, la HAS a déjà diffusé une série de recommandations et d'outils d'aide à l'arrêt des benzodiazépines et à une meilleure prise en charge des troubles du sommeil.
A ceux-ci, elle ajoute aujourd'hui de nouveaux documents qu'elle va diffuser aux professionnels grâce notamment à des partenariats avec le Conseil National de l'ordre des médecins (CNOM) et le Conseil National de l'ordre des Pharmaciens (CNOP).
Elle va également intégrer ces documents, à destination du prescripteur et du patient, aux logiciels d'aide à la prescription d'ici la fin de l'année 2012.
Enfin, la HAS initiera, dès les prochaines semaines, une série de réunions plénières avec les professionnels de santé afin de renforcer la diffusion de l'information et rechercher de nouvelles pistes d'amélioration des pratiques.
L'ANSM va prendre des mesures pour limiter le mésusage et aboutir à une maîtrise de la consommation en termes de posologie mais aussi de durée de prescription et afin de limiter les risques.
L'ANSM va par ailleurs porter ce sujet devant l'agence européenne du médicament pour aboutir à une expertise partagée sur le profil de sécurité de ces molécules tout en poursuivant le travail de surveillance continue opéré par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance de l'agence.
Une nouvelle communication de l'ANSM relative au bon usage de ces molécules, à l'attention des professionnels de santé et des patients va également être engagée.
Elle concernera, en particulier, la nécessité de bien évaluer l'intérêt de la première prescription, de limiter les posologies et la durée du traitement, de ne pas associer plusieurs benzodiazépines entre elles et de réévaluer régulièrement la pertinence du traitement.
Le ministère de la Santé renforcera les actions de formation des médecins sur cette classe thérapeutique et favorisera la surveillance de la consommation de ces médicaments.
Ce mésusage et les effets délétères déjà établis de ces médicaments justifient à eux seuls l'action concertée menée par la DGS, la HAS et l'ANSM pour sécuriser l'usage des benzodiazépines en France.
Il s'agit également de ne pas laisser les professionnels de santé et les patients sans réponse à la veille de la publication d'une nouvelle étude [1] ayant pour objet d'évaluer le lien entre la consommation de benzodiazépines et l'apparition d'une démence ou d'un déclin cognitif.
En effet, les premiers résultats de cette étude prospective menée par le Professeur Bernard Bégaud vont à nouveau mettre en évidence qu'un traitement par benzodiazépines est associé statistiquement à une augmentation significative du risque de démence.
Pour autant, comme toute étude épidémiologique, cette étude ne permettra toujours pas d'établir le lien de causalité [2] entre benzodiazépines et démence.
Les résultats détaillés de cette étude qui seront rendus publics début octobre seront analysés par le groupe d'experts en pharmaco-épidémiologie de l'ANSM au même titre que dix autres études pharmaco-épidémiologiques déjà publiées dont cinq concluent à une association positive entre consommation de ces produits et apparition d'une démence ou d'un déclin cognitif, quatre sont négatives et une montre un effet protecteur.
[1] Financement par la DGS, l'INSERM, l'Université Bordeaux Segalen, l'Institut de recherche en santé publique, la Caisse Nationale des Travailleurs Salariés, le Régime Social des Indépendants, la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie et l'INPES
[2] Une association statistiquement significative n'est pas synonyme d'une relation de cause à effet.
Seule une étude observationnellepermet établir une relation causale entre deux événements.
Pour en savoir plus sur ce sujet, 3 sites Internet :
Le Programme d'Action de la HAS
Troubles du sommeil :
stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées
Après 65 ans, le sommeil évolue : nuits plus courtes, réveils plus fréquents, sommeil fractionné sur la journée, ...
Ces modifications d'ordre physiologique chez les personnes âgées sont source de plaintes du sommeil en consultation et débouchent trop souvent sur une prescription de somnifères.
Près d'un tiers des personnes de plus de 65 ans consomment des somnifères de manière chronique, et dans plus d'un cas sur deux, ces traitements ne seraient pas indiqués.
Ces somnifères peuvent provoquer des effets délétères : dépendance, chutes et troubles de la mémoire.
Pour diminuer la prescription trop systématique de somnifères chez les personnes âgées, la Haute Autorité de Santé (HAS) a élaboré, dès 2006, avec des médecins généralistes, des gériatres, des psychiatres, des spécialistes du sommeil et des pharmaciens, des recommandations et des outils pour aider les professionnels de santé et informer les patients.
Parce que la consommation ne diminue pas suffisamment et que de nombreuses prescriptions ne sont pas utiles, la HAS relance des actions d'information et de sensibilisation des professionnels et des usagers avec le soutien du Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM), du Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens (CNOP) et de l'association de lutte contre les infections nosocomiales et les accidents médicaux (LIEN) membre du Collectif interassociatif sur la santé (CISS).
Seule 1 à 2 plaintes relatives au sommeil sur 10 relèveraient de l'insomnie véritable
Le sentiment de « mal dormir » pousse de nombreuses personnes âgées à se plaindre d'insomnie, sans que cela en soit véritablement une.
La plainte du sommeil chez la personne âgée doit faire l'objet d'un entretien spécifique lors d'une consultation dédiée.
Pour aider les médecins dans cette démarche diagnostique, la HAS a élaboré des outils pratiques, comme par exemple des arbres décisionnels, des questions clés pour la prescription de psychotropes, un agenda du sommeil, un questionnaire d'attachement aux benzodiazépines, ...
Devant des plaintes chroniques du sommeil, le médecin doit rechercher des signes associés et orienter son patient vers un spécialiste si besoin : douleurs, anxiété, dépression ou encore problèmes urinaires, apnée du sommeil peuvent expliquer le sommeil de mauvaise qualité et doivent être recherchés.
Par ailleurs, la plainte du sommeil peut être expliquée par le changement physiologique du sommeil : la personne âgée dort moins la nuit et son sommeil se répartit différemment sur l'ensemble de la journée (siestes par exemple).
Seules 10 à 20% des plaintes du sommeil sont de véritables insomnies et peuvent alors relever d'un traitement par somnifères, mais toujours de courte durée, en prévoyant l'arrêt dès la prescription.
Les techniques de relaxation et les thérapies cognitivo-comportementales peuvent être appropriées à la prise en charge des insomnies.
La moitié des traitements ne serait pas indiquée
La HAS rappelle aux médecins, aux pharmaciens et aux patients que la prescription et le renouvellement de somnifères ne doivent pas être systématiques.
Les somnifères ne sont indiqués que pour de courtes périodes et dans un délai allant de quelques jours à 4 semaines maximum.
Ils ne doivent pas être prescrits sur une longue durée, ce d'autant plus que leur efficacité diminue avec le temps.
De plus, ils induisent des effets indésirables : chutes, risques d'accidents lors de la conduite, troubles de la mémoire ou de l'attention, dépendance, ....
Les personnes âgées sont d'autant plus exposées aux risques des somnifères que leur résistance physique est moindre et leur métabolisme plus lent.
Par ailleurs, le risque d'interaction avec d'autres traitements est augmenté car les personnes âgées prennent souvent plusieurs médicaments.
Arrêter les somnifères, c'est possible !
Le médecin traitant doit proposer une stratégie d'arrêt des somnifères en accord avec le patient.
L'arrêt progressif et encadré de somnifère doit permettre aux personnes âgées de retrouver un sommeil naturel, plus récupérateur, même s'il est plus court ou plus fractionné.
En ne subissant plus les effets secondaires du médicament, les personnes âgées gagnent en qualité de vie et en autonomie.
Une bonne hygiène de vie pour améliorer naturellement le sommeil
Les somnifères ne sont pas des médicaments anodins.
Les changements de rythme du sommeil liés au vieillissement peuvent être améliorés par des habitudes simples et une bonne hygiène de vie : activités physiques régulières, exposition à la lumière en journée, alimentation et mode de vie sains, aménagement confortable de la chambre, ...
Un programme d'actions et des outils relayés par les partenaires de la HAS
Dans les prochaines semaines, le CNOM et le CNOP relaieront les outils de la HAS et notamment l'affiche « Etre senior et mieux dormir », conseils pour bien dormir aux médecins et pharmaciens.
Le LIEN quant à lui relaiera l'information sur son site internet.
La HAS relaiera pour sa part ces informations sur son site, dans ses lettres destinées aux professionnels et sur son espace Facebook®.
En novembre, la HAS organise une plénière nationale avec l'ensemble des professionnels de santé impliqués et les patients afin de renforcer la diffusion de l'information et réfléchir à de nouvelles actions et outils d'amélioration des pratiques.
D'ici la fin de l'année, un rappel sera intégré aux logiciels d'aide à la prescription (LAP) et sera associé à des documents d'information des patients sur le sommeil et les somnifères.
Ainsi, à chaque fois qu'un médecin prescrira un somnifère à une personne âgée, il sera, par exemple, invité à proposer à son patient un rendez-vous dédié à l'exploration de ses problèmes de sommeil.
Les somnifères... en finir avec les mauvaises habitudes !
Santé & Seniors : actualité santé pour les personnes âgées