© Anne Jalard
Au centre de la douleur du CHU de Saint- Etienne, des patients souffrant de douleurs chroniques participent à des ateliers de médiation artistique. Cette « stratégie de remobilisation » est intéressante pour le patient pour l'écoute, le plaisir, la détente procurée par la création, le jeu, le travail de la matière. La dimension sociale et conviviale au travers de l'expression de groupe est primordiale.
La Fondation APICIL a soutenu en 2020 la mise en œuvre de ce projet « CréADOL » à hauteur de 8 600€ aux côtés du Centre d'Evaluation et de Traitement de la Douleur du CHU de Saint-Etienne.
Depuis 2015, Anne Jalard, Art-thérapeute, met en place régulièrement des ateliers d'art plastique de médiation artistique au Centre d'Évaluation et de Traitement de la douleur (CETD) du CHU de St Etienne.
En 2017, ces ateliers se sont élargis en associant aux précédents un atelier-théâtre organisée par Camille Chaslot, Art-thérapeute. Cette nouvelle activité « CréADOL » permet de toucher plus de patients (suivi de 16 patients en 2017 et en 2018).
« CréADOL » a permis de maintenir la continuité de cette proposition du CETD. Une proposition intéressante à la fois pour l'équipe soignante qui peut offrir un lieu d'accompagnement de la douleur nécessaire dans les situations de dépression, d'isolement, et enrichissante pour les participants qui y trouvent toujours un bénéfice pour leur santé psychique et physique.
Objectif du projet
Ce projet a été mis en place afin d'apporter joie et plaisir de créer, de permettre aux patients de se détendre, de lâcher-prise et d'expérimenter le plaisir d'être ensemble et d'échanger avec ses pairs. Ce projet a également pour but de développer l'imagination, la créativité des patients, d'exprimer leurs pensées, leurs inquiétudes grâce à l'expression corporelle ou picturale.
« CréADOL » c'est aussi prendre l'habitude et faire l'effort de sortir de chez soi, chaque semaine et de travailler sur le regard des autres et son propre regard sur soi.
Bénéficiaires du projet
Ce sont des patients suivis au CETD quel que soit leur type de douleurs chroniques : cervicalgies, lombalgies, douleurs neurologiques, SDRC, cancers, viscérales ou abdominales, migraines, fibromyalgie...
Les patients inclus ont bénéficié de synthèses (RCP) au cours desquelles l'une des situations suivantes a été évoquée en lien avec la douleur chronique :
« Je me suis vraiment amusé. J'ai oublié mes douleurs lors de chaque atelier. Je ressens une différence dans la façon d'aborder mes douleurs, à savoir les apprivoiser en ne restant pas collé à celles-ci mais en m'ouvrant davantage sur l'extérieur, en pratiquant la marche par exemple. Je sais maintenant qu'il est possible de ressentir moins fortement mes douleurs si je trouve une occupation. J'ai appris à me détendre pour diminuer mes douleurs, les calmer, les apaiser. »
Témoignage d'un patient
Le projet s'est déroulé en 2020 en deux parties.
Le recrutement et les entretiens ont eu lieu en janvier 2020 pour constituer deux groupes de 6 patients (groupes réduits pour respecter les mesures sanitaires du gouvernement).
Même protocole pour les 6 derniers mois avec le deuxième groupe de 6 patients.
Les ateliers offrent un temps d'échange suffisamment long et privilégié pour que des changements aient le temps de se produire et pour que le sujet atteint de douleur chronique se sente reconnu, non comme un patient, mais comme une personne à part entière dans sa globalité : tête-corps-cœur, avec ses émotions, ses ressentis, ses pensées, ses inquiétudes...
Créer, peindre, modeler en groupe apaiserait la douleur chez les personnes souffrant de douleurs chroniques. L'état dépressif lié à la douleur bloque les processus de pensée. La création permet la remise en route des processus psychiques tels que la créativité, l'associativité, l'imaginaire, la symbolisation.
« Ces ateliers ont contribué à un mieux-être non seulement psychique mais aussi social et souvent, ils ont permis une diminution du ressenti de la douleur. Un an après, certains peuvent encore témoigner des bienfaits. Cette expérience d'atelier nécessite d'être encore approfondie, mais elle donne d'ores et déjà des pistes intéressantes à creuser pour la prise en charge de la douleur. Par cette approche multifactorielle, chaque patient peut trouver une dimension dont il a besoin : dimension sociale, créative, de plaisir, affective, sensorielle.
Les ateliers constituent alors un élan, un tremplin, un trait d'union entre le soin à l'hôpital et le « prendre soin de soi » à l'extérieur, de manière plus autonome. Ils permettent de sortir du cercle vicieux (plus j'ai mal, plus je m'isole, plus j'ai mal...). D'autres patients retrouvent une dynamique, un goût de vivre dans le plaisir de créer, de jouer, d'imaginer, de rêver. »
Les patients volontaires ont complété des grilles d'évaluation et des questionnaires de la douleur habituellement utilisée au CETD. Ces grilles évaluent la douleur (fréquence, intensité, localisation) et les conséquences de la douleur dans leur vie quotidienne (perte d'emploi, isolement, difficulté de transport, inquiétude, etc.). Les données obtenues sont évaluées au début et à la fin des ateliers. En plus de ces évaluations quantitatives, les patients ont complété des échelles de bien-être et de satisfaction à chaque séance. L'observation des art- thérapeutes basée sur une observation clinique et supervisée par la psychologue du service a permis d'appuyer les changements perçus chez les patients. Les patients ont pu évaluer la pertinence du dispositif par une séance-bilan au cours de laquelle ils ont échangé en groupe.
Dans les questionnaires, sont pris en compte :
« Toujours dans une démarche active de lutte contre la douleur physique et psychique à tous les âges de la vie, la Fondation APICIL constitue un tremplin pour des projets tel que celui de Créadol. Elle permet de développer et pérenniser cette approche de thérapie complémentaire, véritable trait d'union entre le soin à l'hôpital et le « prendre soin de soi » à l'extérieur.»
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