SEPT MOIS APRÈS L'OUVERTURE DU PREMIER CENTRE DE SANTÉ À AJAIN, EN CREUSE (23), LE COLLECTIF MÉDECINS SOLIDAIRES ANNONCE L'OUVERTURE DE SON DEUXIÈME CENTRE MÉDICAL SOLIDAIRE LE 19 JUIN PROCHAIN, DANS LE MÊME DÉPARTEMENT, DANS LA COMMUNE DE BELLEGARDE-EN-MARCHE.
100 MÉDECINS GÉNÉRALISTES Y SONT ATTENDUS CHAQUE ANNÉE
Le 31 octobre 2022, à Ajain, en Creuse (23), le collectif Médecins Solidaires ouvrait son premier centre médical, qui a ainsi fait office de pionnier et de modèle expérimental. Après sept mois de fonctionnement, le premier bilan de ce dispositif inédit se révèle extrêmement positif.
À Ajain, au-delà de l'afflux de patients, les quelques craintes initiales se sont vite évanouies et le modèle proposé a même permis de faire d'une faiblesse une force : le système des « regards croisés » remporte aujourd'hui l'adhésion des Creusois. Très majoritaires sont-ils aujourd'hui à se montrer rassurés, voire même ravis, de bénéficier d'expertises successives sur leur dossier médical. La « famille de médecins » permet ainsi de parer avec succès le manque de « médecin de famille » et de recréer un lien de confiance. Tous saluent la disponibilité de ces soignants volontaires, effectuant parfois des centaines de kilomètres pour venir leur offrir pendant une semaine un accès aux soins primaires de qualité.
Côté médecins généralistes, venus de toute la France exercer une semaine à Ajain, tous les profils sont représentés : hommes, femmes, de 27 ans pour le plus jeune à 72 pour le plus âgé, ils sont jeunes diplômés, médecins remplaçants, retraité actif, installé en libéral, médecin salarié ou hospitalier. Preuve s'il en est que le modèle séduit et répond aux aspirations actuelles des soignants.
Ajain, le 1er centre médical Médecins Solidaires en chiffres :
Situé à 45 kilomètres du centre expérimental d'Ajain, Bellegarde-en-Marche est un autre emblème de la pénurie médicale qui sévit dans le département de la Creuse. Les deux territoires de vie ont d'ailleurs été classées le 25 avril 2022 comme « zones d'intervention prioritaires » par l'ARS Nouvelle-Aquitaine.
Agile, le concept organisationnel proposé par Médecins Solidaires permet de s'adapter aux spécificités des communes. Ainsi, dans ce deuxième centre médical solidaire, ce ne sera pas un mais deux médecins généralistes qui viendront chaque semaine, exercer en alternance sur les soins programmés et non programmés. Ils seront accompagnés par une équipe fixe constituée d'une coordinatrice, d'une assistante médicale, qui permettra de fluidifier les prises en charge, et d'une infirmière « Asalée », en charge de la coordination des pathologies chroniques.
A Bellegarde-en-Marche, l'équipe investira un bâtiment de 200m2, flambant neuf, construit en 2022 dans la perspective d'accueillir deux médecins généralistes salariés, mais resté vide depuis, malgré les nombreuses recherches et appels effectués par les élus locaux. Tout comme Guy Rouchon, maire d'Ajain, Jean-Pierre Bonnaud, maire de Bellegarde-en-Marche et Alain Bujadoux, maire de Saint-Silvain- Bellegarde, ont retrouvé le sourire ! « Comme beaucoup d'élus ruraux, nous étions désespérés de voir revenir un médecin dans notre territoire. Grâce à Médecins Solidaires, nous allons accueillir plus de cent généralistes par an !
C'est une opportunité inouïe et nous espérons que l'un d'entre eux aura peut-être le déclic et voudra rester ici de manière pérenne ».
Des inégalités territoriales qui illustrent les besoins de plus en plus criants en zone rurale :
L'organisation du centre médical tel que conçu par l'association Médecins Solidaires repose sur le concept innovant de « temps partagé solidaire », qui organise un relai de médecins généralistes volontaires se succédant chaque semaine auprès de patients n'ayant pour certains pas eu accès à un médecin généraliste depuis des mois, voire des années.
En demandant « peu à beaucoup de médecins plutôt que beaucoup à peu de médecins », l'objectif du Collectif Médecins Solidaires est double : la solidarité envers les patients - privés d'accès aux soins primaires - mais aussi envers les médecins généralistes, eux-mêmes confrontés à un afflux de patients, pouvant mener à une détérioration de leur pratique médicale.
Imaginé par le docteur Martial Jardel, médecin généraliste au Dorat en Haute-Vienne (87), de retour de son « Tour de France des remplacements », le projet de centre médical basé sur le temps partagé solidaire, est devenu concret grâce à la rencontre avec Emmanuel et Christophe Brochot, fondateurs de l'association Bouge ton Coq, qui apportera le soutien en ingénierie au projet et son expertise en solutions innovantes pour revitaliser le lien social en zone rurale.
En synergie, pour structurer et enrichir le projet initial, s'est ensuite rapidement engagé un ensemble mixte et intergénérationnel de sept médecins « pionniers », venus de toute la France et aux profils variés.
A Ajain, si les retours des patients sont dithyrambiques, eux qui n’avaient plus accès à un médecin généraliste depuis près de deux ans, un effet moins attendu a vu le jour : le modèle se révèle également vertueux pour les médecins venant exercer une semaine sur la base du « temps partagé solidaire ». En offrant du temps médical de qualité, l’attractivité du modèle proposé par Médecins Solidaires soulève l’enthousiasme des soignants.
« Notre ambition sort encore renforcée car aucune solution à la désertification médicale ne pourra se faire sans les médecins. D’après nos retours, et quels que soient leurs profils, tous repartent ravis de leur expérience à Ajain. Très nombreux sont ceux qui vont revenir exercer une semaine en Creuse. Non seulement nos confrères se sentent particulièrement utiles auprès de patients éloignés des soins parfois malgré de lourdes pathologies, mais leur expérience avec Médecins Solidaires leur a souvent permis de porter un autre regard sur leur propre pratique médicale. Le dispositif dépasse ainsi nos attentes initiales, en se révélant encore plus vertueux que prévu côté soignants ! » explique le docteur Paul-Henri Lambert, médecin généraliste « pionnier », très engagé au sein du collectif.
« Le succès rencontré à Ajain, auprès des patients comme de la centaine de médecins volontaires qui ont rejoint le collectif, nous renforce dans l’idée que nous pouvons jouer un rôle majeur dans les prochaines années. Au- delà de notre mission première, un apport de soins de qualité dans les zones médicalement sous-dotées, nous voulons changer l’image de la médecine générale en milieu rural, la sortir de l’exercice sacrificiel, la rendre à nouveau attractive et la faire revenir à ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: basée sur l’humain, enthousiasmante et passionnante. C’est la modernité de la solution proposée, en phase avec les préoccupations actuelles de nos confrères, qui nous permet d’être aussi optimistes et confiants dans notre modèle » renchérit le docteur Martial Jardel.
Si le déploiement du modèle dépend du nombre de médecins généralistes qui vont rejoindre le collectif Médecins Solidaires dans les prochains mois, plusieurs pistes sont d’ores et déjà à l’étude. « Nous sommes très sollicités par les collectivités situées dans les territoires ruraux sous-dotés en médecins généralistes. Nous projetons d’ouvrir d’ici la fin de l’année de nouveaux centres de santé Médecins Solidaires hors de la Creuse, ce département novateur qui, avec sa démarche de « laboratoire de ruralité » nous permet d’expérimenter nos deux premiers centres médicaux. Nous nous inscrivons dorénavant dans une dynamique d’essaimage sur tout le territoire » conclut Gabriel du Passage, porteur du projet Médecins Solidaires au sein de l’association Bouge ton Coq.
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