Des pas pour la vie: dépistage de l'AOMI

Grâce à la mobilisation nationale des médecins vasculaires, des collectivités territoriales et la diffusion de l’information par les médias, la journée nationale de dépistage gratuit organisée en 2008 a remporté un vif succès au profit des patients. En effet, près de 6 200 personnes se sont déplacées pour bénéficier du dépistage: 25 % d’entre elles ont présenté un IPS pathologique (Indice de Pression Systolique), qui témoigne d’un sur-risque d’accident cardiovasculaire en même temps qu’il affirme l’AOMI (Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs). Ces personnes ont alors été orientées vers leur médecin traitant pour une prise en charge adaptée. A travers la forte prévalence relevée lors de cette opération, la campagne Des Pas Pour La Vie prouve ainsi son utilité en termes de santé publique.

En France, plus de 800 000 patients âgés de plus de 60 ans sont aujourd’hui pris en charge pour l’AOMI (1) et l’on estime à 2 millions le nombre de personnes potentiellement atteintes. Face au nombre de cas encore non diagnostiqués, la Société Française de Médecine Vasculaire (SFMV) et l’Institut de l’Athérothrombose (IAT), avec le soutien d’un collectif de sociétés savantes, se mobilisent pour reconduire l’opération de dépistage gratuit de l’AOMI, initiée en région en 2006 et pour la 2ème année consécutive au plan national, à travers la campagne Des Pas Pour La Vie 2009.

La prévalence élevée constatée en 2008 confirme que l’AOMI, affection méconnue et sous-diagnostiquée, mérite d’être dépistée en France de manière régulière. Elle représente en effet un sur-risque de mortalité cardiovasculaire au sein d’une population vieillissante dans laquelle une personne sur trois aura plus de 60 ans à l’horizon 2050 (2), soit autant de personnes supplémentaires potentiellement concernées par cette pathologie.

L’objectif de cette nouvelle édition 2009 est donc de dépister, grâce à la mesure de l’IPS (défini par le rapport de la Pression Artérielle Systolique à la cheville sur la Pression Artérielle Systolique au niveau du bras), de nouvelles AOMI et en particulier des sujets à haut risque cardiovasculaire, pour amener ces patients vers une prise en charge médicale adaptée et augmenter ainsi leur espérance de vie.

L’Artériopathie Oblitérante des Membres Inférieurs (AOMI), ou artérite, entraîne le rétrécissement progressif des artères irriguant les muscles des jambes. Révélatrice d’un risque cardiovasculaire élevé et d’un risque de complications au niveau des artères du cœur et/ou du cerveau, elle constitue un véritable signal d’alarme.

L’AOMI se manifeste le plus souvent par des douleurs au cours de la marche (on parle de claudications intermittente). Ces douleurs doivent impérativement interpeller professionnels de santé et patients car en l’absence de prise en charge, le risque de mortalité est 5 fois supérieur à celui des personnes qui en sont indemnes.

« La mesure de l’IPS est un geste simple qui ne prend que quelques minutes et peut considérablement augmenter l’espérance de vie du patient. »

Dr Jean-Pierre Laroche, Médecin Vasculaire

L’AOMI, silencieuse et menaçante

Près de 60% à 80% des patients n’ont aucun symtôme apparent. Chez ces personnes, c’est la présence de facteurs de risque cardiovasculaire qui doit alerter et inciter au dépistage.

Par une simple prise de tension à la cheville et au bras, accompagnant l’examen clinique, le médecin peut établir un diagnostic sûr d’AOMI et favoriser une prise en charge active des facteurs de risque cardiovasculaires identifiés du patient. Les campagnes successives de dépistage de l’AOMI menées en France sous l’égide de la SFMV et de l’IAT ont ainsi vocation à faire de la mesure de l’IPS un geste réflexe essentiel à intégrer au cours de l’examen médical des seniors et/ou des patients à risque cardiovasculaire souvent asymptomatiques.

Diagnostiquer une AOMI, c’est dépister dans le même temps un patient potentiellement polyartériel (avec au moins deux territoires artériels différents : carotides, coronaires, aorte) et à haut risque cardiovasculaire pouvant dans certains cas engager le pronostic vital.

Le 20 novembre 2008, environ 6 200 personnes ont bénéficié du nouveau geste réflexe pour le dépistage gratuit de l'AOMI parmi lesquels 54 % de femmes et 46 % d’hommes.

Ce dépistage concernait les femmes et les hommes de plus de 60 ans qui n’étaient pas connus pour avoir une artérite mais qui avaient au moins un facteur de risque cardiovasculaire : tabac, diabète, hypertension artérielle, dyslipidémie, antécédent personnel ou familial de maladie cardiovasculaire (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral), obésité ou encore sédentarité.

L’analyse des facteurs de risque cardiovasculaire de la population ayant participé à la journée a révélé:

- au moins 3 facteurs de risque cardiovasculaire chez plus de 70 % d’entre eux,

- 25 % d’AOMI asymptomatique soit près de 1 500 participants concernés.

Ces résultats exceptionnels confirment l’intérêt du dépistage ciblé de l’AOMI. La campagne Des Pas Pour La Vie 2008 aurait en effet permis de sauver 100 à 400 vies (JA Beckman et al., Circulation, 2006).

Soucieux de favoriser la prise en charge de nouveaux patients dépistés, la SFMV et l’IAT mobilisent chaque année des médecins vasculaires toujours plus nombreux. En 2009, ils seront 400 mobilisés dans près d’une centaine de centres de dépistage (centres hospitaliers publics et privés) dans 75 villes réparties sur l’ensemble du territoire (métropole et DOM TOM). Nouvel arrivant cette année, la Guadeloupe a décidé de rejoindre les autres régions pour initier sa première campagne de dépistage de l’AOMI.

- Tous les hommes et les femmes de plus de 70 ans

- Les hommes et femmes diabétiques ou fumeurs de plus de 50 ans.

En cas d’IPS anormal, les patients recevront une information sur l’AOMI et seront orientés vers leur médecin traitant, qui sera informé des conclusions du dépistage par courrier. Ces patients pourront ainsi être pris en charge et bénéficier d’un suivi médical adapté.

1 Letouzey JP. et al. Livre Blanc sur la prise en charge des maladies cardio-vasculaires en France. Cardiologie 2000. 1996 ; 1:13-21

2 Robert-Bobée I. Projections de population pour la France métropolitaine à l’horizon 2050. La population continue de croître et le vieillissement se poursuit. Insee Première 2006 ; 1089:1-4.