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Xerfi vient de publier une étude sous le titre :
« Les marchés de la silver économie à l'horizon 2028 - Les stratégies de croissance face aux nouvelles attentes des seniors et aux opportunités du digital ? »
Le marché de la silver économie, qui regroupe des produits et services destinés à améliorer le quotidien des 65 ans et plus, dépasse les 60 milliards d'euros, selon les estimations des experts de Xerfi. Il se compose d'offres à la fois totalement dédiées aux seniors (hébergements en résidences services seniors, adaptation des logements au vieillissement ou services de maintien à domicile) mais aussi d'offres standards adaptées à la marge pour ce public (solutions de financement, séjours touristiques, articles de prêt-à-porter). Et le marché devrait encore progresser de 5% par an en moyenne d'ici 2028, d'après nos calculs. Avec le vieillissement de la population française, les plus de 65 ans seront quatre millions de plus qu'aujourd'hui à 18 millions de personnes d'ici 2040. Le développement accéléré de l'offre de produits et services adaptés ou spécifiques seront aussi d'actualité. De quoi assurer de facto une croissance sans nuages à la filière de la silver économie. Compte tenu de la diversité des métiers qui la compose, une pluralité d'entreprises a investi le marché. Toutefois, certains se distinguent par leur taille, leur degré d'intégration, voire leur statut d'institution dans l'écosystème des personnes âgées. Les plus emblématiques sont des groupes de protection sociale comme Malakoff Humanis, des gestionnaires d'EHPAD comme Emeis (ex-Orpea) et des acteurs du domicile comme Oui Care
L'avancée en âge des baby-boomers modifie les attentes adressées aux entreprises de la silver économie. Les « nouveaux » seniors consomment davantage que ceux des générations précédentes, manifestent de nouveaux besoins en matière de vivre ensemble et ils ont un intérêt marqué pour le lien inter-générationnel. Cette nouvelle « silver generation » exprime par ailleurs des besoins hétérogènes impossibles à couvrir avec une offre unique. Cela pousse les acteurs à faire évoluer leur offre. C'est notamment le cas des gestionnaires d'EHPAD et de résidences services seniors qui pêchent par l'uniformité des services et des aménagements de leurs établissements.
Sur les quatre grandes branches de la silver économie, celles du « financement et transmission » et de l'« habitat et sécurité » se distinguent par leur montant proche de 25 milliards d'euros chacune. L'assurance santé et l'hébergement médicalisé dominent respectivement la première et la deuxième. Bien plus petits, d'autres marchés gagnent toutefois en importance, à l'instar de l'aide et de l'accompagnement à domicile ou encore de l'adaptation des logements aux problématiques du vieillissement.
En matière de « bien vivre, bien-être », la nutrition (y compris la restauration) est un poste de dépenses essentiel pour les seniors. Ce sont pourtant plutôt les segments dédiés aux loisirs ou aux activités culturelles qui sont les plus dynamiques. La croissance de cette branche « bien vivre, bien-être » reste toutefois bridée par l'absence d'offres dédiées aux seniors.
Outre l'effet papy-boom, les innovations porteront la filière. De nouveaux concepts d'hébergements intermédiaires (résidences services pour jeunes seniors, colocations intergénérationnelles ou béguinages) sont ainsi déjà à l'œuvre. Avec l'intelligence artificielle (IA), des services plus qualitatifs voient également le jour. Dans le domaine de la téléassistance, cela permet par exemple d'analyser les habitudes des personnes âgées à leur domicile et de déclencher automatiquement des alertes en cas de mouvement inhabituel. Les gains de productivité permis par l'IA sont aussi un argument de poids alors que les difficultés de recrutement du personnel des aides à domicile sont flagrantes. Sans oublier l'appétence des seniors pour le digital.
Certains « silver marchés » profiteront particulièrement de ce contexte, comme ceux permettant de faciliter les prises en charge à domicile (portage de repas, prestations médico techniques ou hospitalisation à domicile). Ce sera aussi le cas des fournisseurs de solutions technologiques pour le domicile (équipements de téléassistance, domotique, objets connectés...) et des entreprises qui adaptent le logement au vieillissement.
La filière compte donc une très grande variété d'acteurs. Toutefois, des acteurs « système » sortent du lot dont les plus emblématiques sont des groupes de protection sociale comme Malakoff Humanis, ou encore des gestionnaires d'EHPAD comme Emeis (ex-Orpea). Après la crise sanitaire traversée suite à la publication du livre Les Fossoyeurs, les groupes d'EHPAD ont toutefois arrêté leur diversification dans les services à domicile pour seniors. Ils avaient en effet multiplié les rachats de spécialistes pour devenir de puissants acteurs généralistes. Désormais, Emeis et Clariane cherchent au contraire à se séparer de certains de leurs actifs. Pour se renforcer dans les métiers du grand âge, ils vont en réalité devoir relever plusieurs défis : enrayer les problèmes de maltraitance, pousser plus loin leur logique de complémentarité et intégrer les spécificités du domicile.
Auteur de l'étude : Cathy Alegria
Suivre les tendances et le marché des services aux personnes âgées et des maisons de retraite, parfois qualifié "d'or gris". Démographie, nouveaux acteurs, évolution des investissements dans ce domaine, les nouvelles contraintes administratives ...