Alors que l'épidémie de SARS-CoV-2 connaît un nouveau rebond en France métropolitaine et qu'une baisse de l'efficacité vaccinale dans le temps est à prévoir, la HAS recommande aujourd'hui d'élargir le périmètre des populations éligibles à une dose de rappel vaccinal contre la Covid-19. Elle préconise ainsi de proposer un rappel aux personnes âgées de 40 ans et plus, six mois après la primo-vaccination, les dernières études suggérant en effet un bénéfice pour cette tranche d'âge.
La circulation actuelle du SARS-CoV-2 s'est à nouveau accélérée sur le territoire métropolitain depuis plusieurs semaines, avec une forte progression du taux de reproduction du virus et du taux d'incidence, lequel dépasse désormais le seuil d'alerte de 50 cas pour 100 000 habitants dans la quasi-totalité des départements.
Une campagne de rappel a été initiée à la rentrée pour apporter une meilleure protection face au virus et à ses variants. Dans ce cadre, la Haute Autorité de Santé a émis plusieurs avis et préconisé une dose de rappel de vaccin contre la Covid-19 aux personnes âgées de 65 ans et plus et à celles qui sont atteintes de comorbidités, ainsi qu'aux professionnels de santé et du médico-social. Elle l'a également préconisée à l'entourage des personnes immunodéprimées. Cette dose de rappel doit être réalisée à partir de six mois après la primo-vaccination avec un vaccin à ARNm, Comirnaty® de Pfizer ou Spikevax® de Moderna.
Dans ce contexte, et pour répondre à la saisine du Directeur général de la santé sur la pertinence d'une dose de rappel chez les adultes de plus de 50 ans, la HAS a analysé les données internationales publiées récemment. Elle recommande aujourd'hui d'élargir la proposition d'une dose de rappel à l'ensemble des personnes âgées de 40 ans et plus.
La Haute Autorité de Santé a analysé les derniers articles publiés afin de déterminer l'utilité d'une dose de rappel et définir les populations dans lesquelles celle-ci serait pertinente.
Elle a notamment pris en compte les données en vie réelle israéliennes¹ démontrant que la dose de rappel confère d'excellents niveaux de protection contre l'infection par SARS-CoV-2, y compris chez les personnes âgées de moins de 60 ans.
Par ailleurs, les données issues d'une étude observationnelle israélienne de grande envergure publiées dans le Lancet² apportent de solides arguments en faveur d'une dose de rappel chez les personnes âgées de 40 ans et plus. On observe une diminution du risque de survenue d'infections, de formes sévères, d'hospitalisations et de décès chez les personnes de 40 ans et plus ayant bénéficié d'une dose de rappel, comparativement à celles qui n'en n'ont pas bénéficié.
Enfin, les données issues d'une étude américaine³ confirment la bonne tolérance d'une dose de rappel en vie réelle avec le vaccin Comirnaty® (Pfizer) et Spikevax® (Moderna).
Sur la base de l'ensemble de ces éléments, la HAS recommande désormais d'administrer une dose de rappel à l'ensemble des personnes âgées de 40 ans et plus.
Pour mémoire, la HAS recommande de respecter un délai minimal de 6 mois entre la primovaccination complète et l'administration d'une dose de rappel et réitère ses précédentes recommandations relatives au choix des vaccins à utiliser pour le rappel. Ainsi, un vaccin à ARNm doit être utilisé pour le rappel, quels que soient les vaccins administrés auparavant tout en respectant les contre-indications connues et validées pour ces vaccins. Le rappel s'effectue avec une pleine dose pour le vaccin de Pfizer, et avec une demi-dose pour celui de Moderna.
La HAS profite de ce nouvel avis pour apporter une précision concernant le vaccin Janssen : la dose supplémentaire de vaccin à ARNm que la HAS recommande d'administrer aux personnes vaccinées avec une dose unique du vaccin Janssen ne doit pas être considérée comme une dose de rappel mais comme une dose additionnelle visant à compléter le schéma vaccinal initial. Ainsi, lorsque le vaccin Spikevax® de Moderna est utilisé pour cette dose supplémentaire, il doit être administré en dose pleine comme pour une primo-vaccination.
En ce qui concerne l'élargissement de la dose de rappel pour les autres tranches d'âge, les données et analyses disponibles ne permettent pas encore à la HAS de se prononcer. En effet, la rareté des cas de forme grave de la maladie ou de décès chez les plus jeunes primo-vaccinés (moins de 40 ans) ne permet pas de conclure formellement sur la réduction du risque individuel dans cette population chez qui l'administration d'un schéma vaccinal complet a également été la plus tardive et pour qui la diminution de l'immunité est encore limitée.
Pour être en capacité de se prononcer prochainement, la HAS va s'appuyer sur les résultats d'un modèle populationnel, en cours de construction par les équipes de l'Institut Pasteur. L'objectif du modèle est de tester l'influence d'une dose de rappel sur la survenue de cas graves ou de décès dans l'ensemble de la population française et sur la dynamique épidémique. Cet avis sera donc revu en conséquence dans les prochaines semaines
Enfin, la HAS tient à souligner que, dans un contexte d'augmentation de la circulation du SARS-CoV-2, notamment chez les plus âgés, il est primordial d'intensifier les efforts pour poursuivre la vaccination des personnes non encore vaccinées ainsi que l'administration du rappel aux groupes éligibles. Il reste également nécessaire de maintenir une adhésion forte aux gestes barrières, compte tenu de l'intérêt de ces mesures pour contenir à la fois les épidémies de Covid-19 et d'infections dues aux autres virus hivernaux afin de préserver le système de soins.
¹Saciuk Y, et al. J Infect Dis. 202 ; 2:jiab556. Effectiveness of a third dose of BNT162b2 mRNA vaccine
²Barda N, et al. Lancet. 2021,29: S0140. Effectiveness of a third dose of the BNT162b2 mRNA COVID-19 vaccine for preventing severe outcomes in Israel: an observational study
³Hause AM, et al. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2021 ; 70(39):1379-1384. Safety Monitoring of an Additional Dose of COVID-19 Vaccine - United States, August 12-September 19, 2021
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