Dans un contexte de plus en plus difficile pour les personnes âgées, l'éthologue et musicienne Virginie PAPE met en exergue l'importance et les impacts de la musique dans l'amélioration des conditions de vie particulièrement en gérontologie et en soins palliatifs.
Il est reconnu que l'humain est particulièrement sensible à son environnement sonore, qu'il soit artificiel ou naturel.
Il a même été découvert, entre autres par la chercheuse québécoise Isabelle PERETZ, qu'une zone bien distincte du cerveau humain est totalement dédiée à la réception et à l'interprétation des différentes musiques.
Celles-ci peuvent influencer les comportements et l'organisme humain à différents degrés, jusqu'à donner des résultats médicaux et scientifiques surprenants.
Virginie PAPE a poussé cette recherche dans le secteur de la gérontologie et son raisonnement l'a mené à confirmer des notions pas assez explorées et développées : la musique aide à l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées et soutient les victimes de dégénérescences.
Mieux vivre et mieux vieillir avec la musique
Après les nombreux travaux qui démontrent l'impact de la musique sur l'enfant et suite à la conclusion que le cerveau est doté de régions exclusivement consacrées à la perception musicale, Virginie PAPE s'est posée la question suivante : quels impacts aurait la musique sur les personnes âgées ou atteintes de dégénérescences nerveuses ?
Après plusieurs années d'observations, de protocoles d'application, à travers des ateliers de musique et de chant en gérontologie et en soins palliatifs, l'éthologue, spécialisée en neuro-acoustique, tire plusieurs conclusions de ses recherches.
Pour les personnes atteintes de dégénérescences ou de traumatismes, la musique constitue un élément de soulagement et de soutien.
A travers l'ouverture du champ auditif, elle ouvre le champ de vision et le champ psychologique du patient qui trouve une nouvelle force pour accepter et apprendre à mieux vivre avec sa maladie ou son accident.
Virginie PAPE définit alors la musique « comme un tuteur d'acceptance ».
La musique aide également à la réparation par pans de la mémoire verbale.
Plus précisément, il s'agit de la mémoire musicale qui entretient et rétablit partiellement cette mémoire verbale.
De plus, pour les personnes âgées, la musique sert à conserver des liens sociaux, à entretenir une activité intellectuelle, à travailler la mémoire et à mieux vivre au quotidien.
Le but est de limiter les glissements des personnes âgées vers une situation de plus en plus négative.
Pour Virginie, la musique est donc également un lien.
Parmi les institutions dans lesquelles elle intervient, il y a par exemple Joëlle, 69 ans, qui participe à l'atelier chant de Virginie PAPE toutes les semaines depuis 2006.
Joëlle n'avait jamais chanté et confie « je ne pourrai pas arrêter le chant, je suis veuve et ne me sens pas bien chez moi, je ferai sans doute des bêtises ».
Au centre de la M.A.M.I à Toulon (Maison d'Accueil Multi activités Intergénérationnelles), complexe unique en France proposant tous les jours des activités pour les personnes âgées, Virginie dispense son atelier chant pour permettre à ses participants d'entretenir relations sociales, forme physique, mémoire et bonne humeur afin de mieux vivre.
Un livre pour le dire, et bien plus encore
Passionnée par la biologie et les neurosciences, Virginie PAPE rencontre Boris CYRULNIK, neurologue, psychiatre, éthologue et psychanalyste français, qui la guidera naturellement vers l'éthologie, un des domaines dans lequel elle enseigne aujourd'hui.
Elle choisit d'étudier l'influence de la musique en gérontologie et en soins palliatifs après celui de la petite enfance.
De ses observations et analyses, l'éthologue développe des protocoles d'application et le concept de « la musique comme lien et tuteur d'acceptance ».
Virginie rencontre ensuite le pédopsychiatre et psychanalyste Bernard GOLSE, très attaché à l'influence de la musique chez l'enfant.
Il échange à la fois en musique avec elle (dans des oeuvres pour piano et violon) et dans le domaine médical sur l'impact de la musique au travers de leurs observations et travaux respectifs.
Bernard GOLSE écrira ensuite la préface de son livre « Les Musiques de La Vie », publié en 2011 aux éditions Odile Jacob.
L'écriture de cet ouvrage est la résultante de ces années passées à observer, à analyser, à partager et à vivre la musique à chaque rencontre au cours de son métier.
A travers son ouvrage, l'éthologue explique alors les différents impacts des musiques de la vie sur les comportements humains, mais aussi sur tous les organismes vivants qu'ils soient végétaux ou animaux.
Son écrit place les musiques comme le carrefour de plusieurs disciplines scientifiques à travers lesquelles la musique a une influence unique.
Virginie PAPE est éthologue spécialisée en neuro-acoustique et chargée d'enseignement à l'Université de Toulon et dans différentes institutions, musicienne et chanteuse.
"Les musiques de la vie"
Editions Odile Jacob (2011)
Virginie Pape
Préface de Bernard Golse
D'où vient l'influence, mystérieuse mais réelle, que la musique exerce sur nos vies ?
Comment expliquer qu'elle puisse aider des mères et leurs bébés à se trouver mutuellement ?
Qu'elle puisse redonner vie et force à des personnes âgées ou malades ?
Qu'elle ait le pouvoir, quels que soient notre âge et notre situation, de nous apaiser, de nous rassembler, mais aussi de favoriser les liens, les échanges avec les autres et, plus largement, avec la nature et le monde qui nous entoure ?
Pour Virginie Pape, la musique est partout.
En nous, parce que notre coeur bat et que notre voix parle ou chante, mais aussi autour de nous, dans le bruit du vent, le chant des oiseaux, le rugissement de la mer, les tremblements de la terre.
Quand toutes ces musiques de la vie se rejoignent et entrent en résonance, alors nous pouvons nous ouvrir et grandir, prendre courage et avancer, nous sentir humains et continuer.
Par les sons qui la composent, les rythmes qui la structurent, l'harmonie qui l'imprègne, la musique, qu'elle soit naturelle ou humaine, n'est-elle pas ce qui nous met au plus près du vivant ?
Une invitation originale à prendre la mesure de toutes les musiques, petites ou grandes, connues ou plus discrètes, naturelles ou artificielles, qui composent nos existences.
Virginie Pape est éthologue.
Elle enseigne à l'université de Toulon en sciences, technologies et santé.
Consultante pour diverses institutions, elle est aussi et toujours... musicienne !
"Réminiscences - Entre mémoire et oubli..."
Editions Erès (2010)
Ouvrage collectif dont Virginie Pape
Préface de Boris CYRULNIK et en collaboration avec : Pierre BUSTANY - Sylvie CHABEE-SIMPER - Boris CYRULNIK - Bernard GOLSE - Antoine LEJEUNE - Pierre LEMARQUIS - Suzanne MAIELLO - Varenka MARC - Olivier MARC - Isabelle MEIGNANT - Gérard OSTERMANN - Guy TONELLA - Nathalie ZAJDE
Dans le processus de permanence de notre identité, la mémoire et ses réminiscences assurent la continuité de notre histoire.
Corrélation et interaction entre passé et présent, la réminiscence est-elle une image qui fait effraction ?
Une sensation qui s'impose, tel un goût de « madeleine » ?
Une émotion connue mais inconnue qui revient quand on ne l'attend pas ?
Les réminiscences s'inscrivent dans le cours de la vie et dans le cours du processus thérapeutique comme des signes informatifs ou des signaux d'alerte, d'où qu'ils viennent.
Elles nous indiquent comment les traces sensorielles et émotionnelles, déjà présentes chez le foetus, organisent le développement normal ou le fixent sur un mode pathogène ou traumatique, vont et viennent, s'absentent parfois pour toujours.
Mais elles nous indiquent aussi un possible chemin vers la résilience...
Cet ouvrage propose un débat d'idées stimulant autour de ces questions de réminiscences, mémoire et oubli : réflexions psychanalytiques, hypothèses cliniques, pratiques thérapeutiques aux confins du corps et du psychisme, du préverbal et du verbal, du bébé et de l'adulte, de l'individuel et de l'interpersonnel, de la souffrance et de la résilience.
"Identités - Entre être et avoir, qui suis-je ?"
Editions Erès (2009)
Ouvrage collectif dont Virginie Pape
Ecrit en collaboration avec : Bernard GOLSE - Jean-Claude KAUFMANN - Yann LEROUX - Olivier MARC - Varenka MARC - Michela MARZANO - Sylvain MISSONNIER - Alain MONNIER - Marie-Rose MORO - Alain ROUCOULES - Marie-José SIBILLE - Irène THERY - Serge TISSERON - Guy TONELLA - Serge VALLON - Daniel WELZER-LANG
Construite sur la base des structures mentales et des processus psychiques individuels, l'identité est un processus dynamique, tout au long de l'existence de chacun, conjuguant singularité, appartenance collective et groupale.
Tendant vers une stabilisation de la conscience de soi, le sentiment d'identité n'est pas figé.
Il évolue suivant les âges, en fonction des événements de la vie et des traumatismes (séparation, deuil, rencontre, maladie, conjoncture professionnelle...), ainsi que des mouvements sociétaux.
Aujourd'hui où le « culte du corps » est omniprésent, que représente le corps dans notre identité ?
Et quand tombent les masques de l'apparence, que reste-t-il de notre vie et de notre intériorité ?
Les nouvelles technologies d'information, et notamment Internet, caractérisées par la fluidité et l'éphémère, fabriquent des identités virtuelles où le « Je est un autre » de Rimbaud devient bel et bien un « Je est multiple ».
Peut-on aussi facilement opérer une dichotomie entre l'identité virtuelle et l'identité physique dans ces « nouveaux mondes » où l'on peut « jouer » pendant des heures en inventant une « seconde vie », débarrassé d'un corps vécu parfois comme une encombrante gangue matérielle ?
Sociologues, psychologues, psychanalystes nous aident ici à comprendre en quoi les mutations actuelles - technologiques, familiales, culturelles, etc. - affectent le processus de construction identitaire et créent des turbulences à l'éternelle question du « Qui suis-je ? ».
"Résiliences - Réparation, élaboration ou création ?"
Editions Erès (2007)
Ouvrage collectif sous la direction de Joyce Aïn et avec la collaboration de Virginie Pape
En collaboration avec : Catherine AMOYAL-FARUCH - Rachid BENNEGADI - Maurice CORCOS - Boris CYRULNIK - Michel DELAGE - Bernard GOLSE - Lin GRIMAUD - Philippe GUTTON - Claire HEBER-SUFFRIN - Tamara LANDAU ROSENBERG - Sylvain MISSONNIER - Gérard OSTERMANN - Gérard PIRLOT - Alain ROUCOULES - Serge TISSERON - Guy TONELLA
La résilience, terme emprunté à la physique pour désigner la capacité des individus à surmonter les traumatismes, n'est pas une notion globale ou uniforme : elle présente de multiples facettes et provoque des controverses dans le monde thérapeutique.
Dans cet ouvrage où dialoguent Boris Cyrulnik, à l'origine de la diffusion de cette notion en France, et Serge Tisseron qui en combat les ambiguïtés, les auteurs s'attachent à explorer les phénomènes de résiliences :
la résilience serait-elle une recette miracle ou une réelle capacité de chacun à s'épanouir malgré le poids d'un traumatisme ?
S'agit-il d'un état ou d'un processus ?
D'un mécanisme de défense inné ou acquis ?
D'une méthode comportementale ou d'une thérapie ?
À mener seul ou avec l'aide d'un tuteur de résilience ?
Apanage seulement de la jeunesse ou bien possible à tout âge ?
Serait-ce un mot magique survalorisant ceux qui ont survécu à un traumatisme en même temps qu'il donnerait du rêve à ceux qui, dans des difficultés graves, peuvent espérer guérir par leurs seules ressources ?
D'autre part, la résilience relève-t-elle du scientifique ou bien du moral dans la mesure où « l'amour » et la compassion semblent y jouer un rôle primordial au détriment du travail scientifique sur l'Inconscient ?
Et n'emprunte-t-elle pas à la psychanalyse certains concepts dans leur seul aspect positif et structurant ?
Enfin, peut-on en tirer des outils thérapeutiques, voire pédagogiques, où à la traditionnelle "prise en charge" se substituerait une approche valorisant les ressources de vie, les potentialités de l'individu et de son environnement en développant "l'espoir" sous forme de réparation ou de création ?
Dépendance et 5éme risque : société et viellissement,accueil et accompagnement des personnes âgées, couverture de la dépendance, enjeux démographiques