Salarié-aidant : quand se «déclarer aidant» est perçu comme un risque

Pratiquement un salarié-aidant canadien sur deux considère que se déclarer aidant auprès de son entreprise a un impact négatif sur son emploi et sa carrière. Cette statistique officielle du Gouvernement canadien montre le chemin qui reste à parcourir pour que l’environnement de l’entreprise soit considéré par les salariés-aidants comme « favorable » aux salariés-aidants. Quatre mesures que les entreprises françaises pourraient adopter sont proposées dans cet article, à partir des meilleurs exemples d’entreprises américaines ou canadiennes.

Publié le 04 février 2015

Pratiquement un salarié-aidant canadien sur deux pense que demander des aménagements d'horaires ou de la flexibilité dans son travail pour mieux concilier son travail et son rôle d'aidant pour un proche a eu ou pourrait avoir des conséquences négatives pour son emploi (1). C'est l'une des statistiques qui ressort de l'Enquête Générale Sociale menée par le Gouvernement canadien en 2012 et dont les résultats ont été analysés par l'Université d'Alberta (2). C'est une statistique forte, une statistique qui doit faire réfléchir sur l'environnement professionnel tel qu'il est perçu par les salariés-aidants et ce qu'il faut pouvoir changer face à la montée inéluctable de la proportion de salariés qui devront concilier travail et rôle d'aidant d'un proche. Aujourd'hui, on estime autour de 15% la proportion de salariés en France qui ont en même temps une responsabilité d'aidant, un ordre de grandeur semblable à celui constaté aux Etats-Unis, mais des enquêtes menées en leur sein par des entreprises américaines montrent que 25% des salariés déclarent s'attendre à devenir aidant d'un proche (généralement un parent) dans les 3 à 5 années qui viennent.

Le « Groupe des employeurs canadiens » vient de remettre son rapport (3) au Gouvernement canadien sur les actions à prendre par les entreprises pour intégrer au mieux cette « nouvelle donne » qu'est l'augmentation rapide du nombre de salariés-aidants dans les effectifs salariés des entreprises, l'impact sur les salariés-aidants et l'impact sur les entreprises.

Sans surprise, la sensibilisation du management à cette nouvelle donne que sont les salariés-aidants fait partie des actions recommandées dans ce rapport : la sensibilisation au besoin de flexibilité de ces salariés, l'importance que le management, en particulier les managers directs de ces salariés, fasse preuve d'écoute et de volonté de trouver la meilleure solution respectant à la fois le salarié-aidant et l'intérêt de l'entreprise.

En prenant le « meilleur » d'expériences rapportées par des entreprises américaines ou canadiennes et qui semblent transposables à la France, quatre mesures pourraient avoir un impact pour lever la réticence des salariés-aidants à se « déclarer aidant » au sein de l'entreprise:

1. lancer une enquête interne respectant l'anonymat afin d'évaluer le nombre des salariés-aidants au sein de l'entreprise, en posant en particulier la question sur la situation actuelle, et celle possible dans les 3 prochaines années au regard d'un possible rôle d'aidant. Largement publier ensuite les résultats de cette enquête.

2. favoriser la création d'un « réseau » interne de salariés-aidants, sur la base du volontariat, qui servirait de premier interlocuteur des salariés-aidants dans l'entreprise (4). Favoriser la connaissance par tous de l'existence de ce « réseau » interne de salariés-aidants.

3. insérer dans l'intranet de l'entreprise une rubrique « aidants » listant différents liens avec des ressources extérieures relatives à l'information sur les aides, les prestataires de services d'aides à domicile, etc. Confier par exemple à des salariés-aidants volontaires le soin de tenir à jour ces différents liens et d'actualiser les informations qui leur paraissent utiles aux aidants.

4. Faire part des expériences réussies, faire part de solutions trouvées au cas pas cas démontrant le souci de flexibilité de l'entreprise, publier régulièrement l'utilisation effective des services proposés par l'entreprise aux salariés-aidants.

Texte rédigé par Robert Salaison, Jean-Louis Berthault et Jean-François Ferrant. Les références américaines ont été apportées par Ann Marie Chesterwood et Guy Rebuffé que nous remercions vivement tous deux.

Notes:

(1) Question 150 : Pensez-vous que vous pourriez/auriez pu profiter de l'une de ces différentes modalités d'aménagements d'horaires ou de flexibilité du travail sans qu'il y ait/qu'il y ait eu un impact négatif sur votre carrière ? oui/non http://www23.statcan.gc.ca/imdb-bmdi/instrument/4502_Q2_V3-fra.pdf page 196

(2)http://www.rapp.ualberta.ca/~/media/rapp/Publications/Documents/Combining_care_work_and_paid_work_2014-09-16.pdf

(3) http://www.edsc.gc.ca/fra/aines/rapports/pcsean.shtml

(4) l'expérience de la société Kimberly-Clark http://www.aarp.org/react/info-09-2013/react-kimberlyclark-case-study.html


Aidants et Aidés


LA PAROLE AUX AIDANTS
Comment gérer au quotidien la relation de l'aidant vers la personne aidée, souvent en état de dépendance? Comment faire en sorte que l'aidant ne s'épuise pas? Des conseils et , initiatives et retour d'expériences sont recensés dans cette rubrique. La parole est également donnée aux aidants afin qu'ils partagent le quotidien de leur vie d'aidant.

Besoin d'informations ?

Un conseiller vous recontacte gratuitement.




© Australis 2024 - Tous droits réservés.  //  Gestion des cookies