A Suresnes, la lutte contre la solitude ne connait pas de saison

Le dispositif mis en place par la ville de Suresnes pour construire du lien avec les seniors.

Publié le 09 octobre 2012

Tirant les enseignements de l’application des plans canicule, la ville de Suresnes a mis en place un dispositif permanent de détection des personnes âgées souffrant de leur isolement.

La solitude, à la différence des grandes chaleurs ne connait pas de saison.

Chaque année, depuis le choc de la canicule de 2003, à l’approche de l’été les mots d’ordre de vigilance et de sensibilisation se multiplient en faveur des personnes âgées et fragilisées.
Depuis la mise en place des plans canicules les dispositifs de prévention, et en premier lieu ceux des collectivités locales, se sont rodés.

Mais à Suresnes la veille ne s’est pas arrêtée avec la fin du plan canicule.
Cette année en effet, la ville a lancé un plan de lutte contre l’isolement qui doit permettre de repérer les personnes âgées souffrant de la solitude, de les suivre et de renforcer leurs liens sociaux.

La nécessité de ce plan est apparue au fil de la mise en oeuvre des plans canicule.
« D’année en année nous avons constaté que les réflexes face à la chaleur étaient de mieux en mieux intégrés, et que les personnes inscrites sur le registre du plan de canicule exprimaient plus une souffrance liée à la solitude et un vrai besoin de dialogue qu’une vraie crainte des fortes températures » explique Bénédicte Vignol, chef du service Personnes âgées.
L’analyse des besoins sociaux effectuée dans la ville en 2010 a confirmé cette problématique.

« L’isolement subi est un processus de rupture sociale et de repli sur soi qui se creuse au fil du temps souvent silencieusement et coupe les personnes de l’environnement. » analyse Bénédicte Vignol. « Repérer l’isolement permet aussi de déceler de nombreuses autres problématiques : de santé physique ou psychique, de précarité financière, de logement inadapté etc.. En le rompant on favorise un vieillissement en bonne santé morale et physique. C’est donc véritablement aujourd’hui un enjeu de société. »

Or pour les personnes déjà repliées et solitaires aller vers les autres exige un effort qu’elles ne sont souvent plus en mesure de fournir.
Mais ces situations de mal-être lié à la solitude échappent le plus souvent à l’action ordinaire des professionnels.
Pour être en mesure de prévenir et réparer ces isolements subis un recensement a donc été engagé en 2012 par une chargée de mission recrutée à cette fin dans trois directions : identifier les personnes en isolement subi, dresser un état des actions existantes, et identifier tous les partenaires susceptibles de relayer cette lutte contre l’isolement. A commencer par les bénévoles.
En effet, le nombre d’aidants potentiels dans la tranche de 55 à 64 ans par personnes de plus de 85 ans ne cesse de baisser.
Sans bénévoles, difficile de progresser et de proposer des rencontres, des visites à domicile ou l’accompagnement lors de sorties.
Les jeunes retraités, et les 18/25 ans, « parce qu’ils sont moins dans le rejet ou la projection de la vieillesse », relève Bénédicte Vignol, sont tout particulièrement recherchés (une dizaine de volontaires se sont manifestés) dans une démarche de solidarité intergénérationnelle.

« Qu’elles soient déjà isolées ou encore entourées, les personnes contactées accueillent chaleureusement cette initiative et 86 % ont souhaité une rencontre complémentaire. Mais ce plan est toujours conditionné sur la volonté de la personne isolée. » souligne Bénédicte Vignol. « Il ne s’agit pas de contraindre ceux qui vivent seuls et choisissent de continuer ainsi. »
Ce plan lance ainsi une action à long terme tant en direction des personnes isolées que de toutes celles susceptibles de les repérer et de contribuer à rompre cet isolement.
« La mise en place d’un suivi en profondeur au delà de la gestion des périodes estivales, est une action aussi intéressante qu’intelligente. » estime Christian Dupuy, maire de Suresnes et Vice-président du Conseil général des Hauts-de-Seine.
« Cela montre que de l’épreuve terrible que fut la canicule de 2003 on a su tirer les enseignements pour une action en profondeur sur ce qui est un des enjeux majeurs de notre société ».


Trois axes pour lutter contre l’isolement

« Le Plan de lutte contre l’isolement lancé par la ville de Suresnes doit traiter les situations d’isolement avérées et suivre de manière préventive les personnes que l’isolement menace à court terme.
Il vise ainsi à valoriser les liens sociaux, culturels et inter générationnels entre les habitants autour de centres d’intérêts communs, explique Béatrix Roberti, adjointe au maire à la Solidarité, la famille et le handicap.
Nous voulons aller au contact des personnes âgées isolées leur proposer des services, des rencontres entre personnes âgées ou avec des bénévoles et aider à développer les liens familiaux ou de voisinage ».

Pour y parvenir ce plan agit dans trois directions principales :

  • Identifier les personnes en situation de mal être lié à la solitude, en croisant notamment les données du Registre Canicule sur lequel 211 personnes étaient inscrites en 2012 et la liste des personnes âgées en lien avec des bénévoles inscrits auprès de la coordination gérontologique.

    Un questionnaire d’évaluation du lien social a été envoyé à ces personnes âgées.
    Sortent-elles ou reçoivent-elles des visites, et à quelle fréquence ?
    Ont-elles un ancrage social dans le quartier ?
    Ont-elles l’habitude de l’accès aux loisirs ou à la culture ?

    L’idée à terme : comprendre de quel types d’activités ou d’échanges ces personnes peuvent être en demande.
    Lire des journaux, être accompagné dans une sortie ou juste discuter autour d’un café ?
    Un contact régulier même téléphonique peut être établi par le service Personnes Agées.

  • Dresser un état des actions et dispositifs existants dans les divers volets de l’action municipale qu’elles soient dédiées spécifiquement aux seniors ou visant tous les publics (Théâtre, Médiathèque, Centre médico-municipal, Associations de sports, loisirs culture ou solidarité…) mais dont les personnes isolées peuvent ne pas avoir connaissance.

    Objectif : mettre en adéquation les prestations offertes par plus de 50 partenaires identifiés sur la ville avec leurs besoins.
    Le plan renforcera cette offre et la mise à disposition d’actions concrètes (portage de livres à domicile, sorties loisirs, solutions pour un équipement informatique à domicile etc.…).

  • Identifier tous les partenaires susceptibles de relayer cette lutte contre l’isolement.
    Il s’agit tout d’abord de fidéliser et multiplier les sources de repérage.
    « Les professionnels de l’Action sociale, la médecine de ville ou hospitalière, les pharmaciens ou encore les commerçants, les bailleurs, la police peuvent chacun être en mesure de repérer une situation d’isolement. Nous informons ces partenaires de l’existence du dispositif afin qu’ils puissent, s’ils le désirent y faire écho. ».

    Enfin le plan s’attache à renforcer l’équipe des bénévoles notamment parmi les jeunes retraités, et les 18/25 ans.
    Déjà une dizaine de jeunes volontaires se sont fait connaitre. Il valorisera leur action (visites à domiciles pour des jeux, des discussions, des échanges de savoir faire ; ou accompagnements vers l’extérieur lors de spectacles conférences etc.)



Repères sur la solitude

  • On parle d’isolement relationnel pour une personne n’ayant parlé qu’à quatre interlocuteurs au moins (hors ménage) au cours d’une semaine.
    Vivre seul peut cependant constituer un choix et n’engendre pas nécessairement un sentiment de solitude qui correspond à l’impression d’être seul.
    On parle alors d’isolement subi.

  • En France, selon un rapport de la Fondation de France (juillet 2012), la solitude touche 4,8 millions de personnes et 11% de Français (9% en 2010) ne disposent d’aucun réseau de sociabilité.
    Si le rapport constate que la solitude touche des personnes de plus en plus jeunes les personnes âgées souffrent toujours plus de la solitude, et le phénomène a progressé chez les plus de 75 ans, particulièrement chez les plus démunis (21% contre 16% en 2010).

  • A Suresnes : 16% des Suresnois ont plus de 60 ans.
    On compte 1 300 Suresnois de plus de 75 ans et 928 de plus de 85 ans.


Pour plus d'informations sur le programme de la ville de Suresnes

http://www.suresnes.fr/Social/Construire-du-lien-avec-nos-aines


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