La télésurveillance, un marché à très fort potentiel encore à concrétiser

Nouvelle étude du XERFI : « Le marché de la télésurveillance médicale à l’horizon 2025 – Leviers d’évangélisation et de viabilisation de l’activité et scénario prospectif sur le jeu concurrentiel »

Publié le 29 septembre 2023

Environ un tiers et plus de 40% des Français ont renoncé à consulter respectivement un médecin généraliste et un spécialiste. Or, l'assurance maladie rembourse depuis juillet 2023 la consultation à distance de cinq pathologies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, rénale, respiratoire et prothèses cardiaques implantables). Un véritable tournant pour les près de trois millions de patients a priori concernés mais aussi pour les quelque 70 opérateurs positionnés sur la télésurveillance médicale en France (surtout des start-up mais aussi des grands groupes comme Roche ou l'éditeur de logiciels santé Equasens), recensés par les experts de Xerfi Precepta. Autant dire que ce marché est promis à un bel avenir en France. Sur la base des populations cibles à équiper dans le champ des maladies chroniques, le marché de la télésurveillance médicale et du télésuivi se chiffre en plusieurs milliards d'euros. Notre scénario prospectif table toutefois sur un doublement de l'activité des solutions de télésuivi et de télésurveillance médicale d'ici 2025 à seulement 200 millions d'euros. Une prudence justifiée par les obstacles à surmonter pour concrétiser son potentiel. Les acteurs de santé devront en effet s'approprier ces solutions. Plusieurs points ont en outre été modifiés (transfert de tâches aux professionnels de santé, interdiction d'assurer l'éducation thérapeutique du patient, facturation mensuelle...).

Avec une population cible de 1,2 million de personnes, le diabète est le segment thérapeutique qui recèle le plus important potentiel de développement. Il pourrait ainsi représenter plus de 40% des dépenses de télésurveillance médicale, selon les estimations des experts de Xerfi Precepta. Le potentiel de chacune des quatre autres pathologies chroniques devrait lui être plus limité (10% et 20% des dépenses). Les modalités de prise en charge prévoient deux forfaits : un forfait opérateur pour les acteurs de santé et un forfait technique pour le fournisseur de solutions.

Côté opérateurs, les fournisseurs de solutions trusteront environ les deux-tiers de la rémunération globale versée par l'assurance maladie, contre un tiers pour les professionnels de santé. Une part qui diminuera au gré de la diffusion de l'activité en raison de la dégressivité des tarifs des acteurs. Sur la ligne de départ : industriels de santé, éditeurs de logiciels, spécialistes étranger et prestataires de santé à domicile partent a priori avec un certain nombre d'atouts (moyens financiers, implantation préalable auprès des clients, synergies entre activités...) face aux start-up françaises. A l'arrivée, seule une minorité de jeunes pousses auront tiré leur épingle du jeu. Certaines (Newcard, NP Medical,...) ont choisi de se concentrer sur les marchés « secondaires » de la télésurveillance à la notable exception d'Implicity qui s'est positionnée sur le créneau des prothèses cardiaques implantables.

Les start-up à la manœuvre

A moyen terme, le cadre de droit commun aura un impact structurant sur l'évolution du jeu concurrentiel du marché de la télésurveillance et du télésuivi médical. L'organisation de la compétition a en effet été pensée pour favoriser un jeu ouvert et laissant la place à de petits acteurs. La dégressivité des tarifs (qui dessert les stratégies de volume), l'interchangeabilité des solutions techniques (qui joue en faveur des solutions universelles compatibles avec tous types d'appareils de collecte de données au détriment des solutions liées associées à des dispositifs médicaux spécifiques surtout portés par des industriels) ou encore l'incertitude sur l'exclusivité indéfinie des inscriptions en nom de marque plaident de fait pour un cadre plus favorable aux start-up qu'aux grands groupes.

Globalement, les jeunes pousses tricolores et les spécialistes étrangers (Glooko, ResMed, eDevice) ont davantage joué le jeu du nouveau cadre mis en place au travers de demandes de prise en charge en ligne générique. C'est moins le cas jusqu'ici des industriels et des éditeurs de solutions.

Les pistes pour s'approprier les solutions

Principal défi de ces prochaines années, l'appropriation des solutions par les acteurs de santé peut emprunter plusieurs chemins. Le premier consiste à adopter une approche multi-pathologies pour adresser les problématiques de patientèles diversifiées et s'extraire de la logique de spécialisation conditionnée par les modalités de prise en charge. C'est la démarche originelle des plateformes de télésuivi généralistes comme e-fitback de Nouveal. Etendre le spectre de prestations numériques est une autre piste possible pour les opérateurs. Cela consiste à s'aventurer au-delà de la télésurveillance médicale pour digitaliser les parcours patients au sein des établissements de santé dans toutes ses composantes (médicales, administratives, voire hôtelières dans certains cas).

Rallier des plateformes agrégatrices sera aussi un atout clé demain. Pour faciliter la diffusion des solutions, plusieurs spécialistes ont déjà rejoint l'écosystème structuré par Lifen autour de Lifen Platform déployé dans plus de 800 établissements. En marge des processus d'automatisation par l'IA poussés à l'extrême, certains acteurs ont fait de l'accompagnement humain infirmier leur axe fort, à l'image de PSAD (Santélys, Epoca...) et de start-up spécialisées (Continuum+ ou NP Medical).

Auteur de l'étude : Emmanuel Sève


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