Le groupe SOS Seniors vient d'annoncer la création de la marque « Chez Moi » qui va se traduire par une gamme étendue de produits résidentiels et de services à destination des seniors. Nous avons donc décidé d'en savoir plus lors de notre échange avec Maryse DUVAL qui dirige SOS Seniors.
La rédaction
Le groupe SOS Seniors gère 110 établissements et services accompagnant les personnes âgées dont 70 EHPAD. Pouvez-vous dire en quelques mots comment cette nouvelle offre va compléter votre gamme de produits et services ?
Maryse DUVAL
Le GROUPE SOS Seniors est, à l'origine, essentiellement une association gestionnaire d'EHPAD au sein d'un Groupe d'Economie Sociale et Solidaire marqué, dès l'origine par la volonté d'apporter des réponses nouvelles aux besoins nouveaux des personnes les plus fragiles et d'en permettre l'accès au plus grand nombre.
Avec les générations du baby-boom, de nouvelles aspirations ont vu le jour : le besoin de confort, la liberté de choix, l'envie de décider, une forte poussée de l'individuel sur le collectif.
Comment un Groupe d'EHPAD aborde-t-il ces changements ?
Nous, nous avons choisi de remettre en cause notre modèle, de l'adapter en profondeur. Et nous avons commencé par ce que nous avions entre les mains : des EHPAD ! Alors, nous avons réfléchi, consulté : résidents, familles, salariés, partenaires et nous avons abouti à un 1er concept : « Mon Ehpad, Mon Domicile ». Avec la volonté de renverser l'organisation de nos établissements pour que nos aînés soient moins obligés de se plier à une organisation collective, qu'ils retrouvent du pouvoir d'agir, d'inter-agir, de décider, de refuser, de proposer. Nous avons voulu des lieux de vie ouverts sur l'extérieur.
En ouvrant nos EHPAD sur l'extérieur, nous avons accueilli la ville dans nos établissements, mais nous avons dans le même mouvement, projeté nos ressources en dehors de nos murs, pour contribuer au maintien à domicile des personnes âgées vivant à proximité de nos EHPAD. Nous avons lancé « Seniors Connect ».
Et puis, comme les générations du papy-boom qui arrivent ont entre 75 et 85 ans sur cette décennie 2020/2030 et ne relèvent donc pas d'un EHPAD, nous sommes devenus aussi un Groupe de Résidences Autonomie, passant en 2 ans de 3 à 8 et sans doute 10 dans les prochaines semaines. Et comme il faut des appels à projets pour créer des Résidences Autonomie, nous avons lancé le concept des Résidences Seniors (ou Intergénérationnelles) à vocation sociale : les gens y sont chez eux, mais il y a quelques espaces collectifs, quelques salariés en appui et une conciergerie de services, dans un esprit d'habitat inclusif, d'aide à la vie partagée en fonction des envies et des besoins, dans une grande liberté, la liberté du choix.
C'est donc tout naturellement que nous avons appelé ce concept « Chez Moi », pour bien « coller » aux aspirations de nos aînés. Nous sommes à leur service et non l'inverse !
La rédaction
Quelque-part, l'EHPAD va devenir le HUB du territoire dans lequel il est implanté et va se projeter hors de ses murs pour favoriser le maintien à domicile ?
Maryse DUVAL
Que ce soit des EHPAD, des Résidences Autonomie ou des Résidences Seniors Sociales, ceux sont des équipements structurants pour le quartier ou le village dans lesquels ils sont implantés : ils disposent de ressources en termes de savoir-faire professionnels et de locaux. Comment peut-on imaginer que l'accompagnement du vieillissement sur un territoire puisse se passer de telles ressources, pourvu que ceux qui les détiennent souhaitent les mettre à disposition, les partager ? D'ailleurs, quand on commence à ouvrir ces équipements, on se rend compte qu'ils peuvent être utiles aussi à d'autres publics : nous pouvons y ouvrir des crèches, des maisons de santé, accueillir des personnes handicapées vieillissantes retraitées d'ESAT par exemple, faire de la cohabitation intergénérationnelle solidaire pour étudiants ou jeunes actifs isolés ou altruistes etc. Face à l'ampleur des besoins, on ne peut plus penser en silo, replié sur son pré carré. Nous pouvons contribuer au maintien à domicile bien sûr, mais nous avons décidé d'aller plus loin en offrant de nouvelles formes de domiciles, adaptés, accompagnés que nous gérons nous-mêmes et qui ne sont pas des établissements médico-sociaux.
La rédaction
Dans le domaine de logement social on connaissait les Résidences Autonomies, les ex foyers logements bien souvent des structures immobilières vieillissantes. Comment votre offre de Résidence Senior du parc social va-t-elle donner un nouveau souffle au logement social pour les seniors ?
Maryse DUVAL
Tout d'abord parce que le métier du GROUPE SOS, c'est précisément de reprendre des existants à bout de souffle et de leur donner une nouvelle vie : ce que nous faisons depuis plus de 8 ans dans le champ des EHPAD, nous le faisons désormais aussi dans le champ des Résidences Autonomie : nous reprenons et réhabilitons. En dehors de ces établissements, nous travaillons désormais avec des Villes et des bailleurs sociaux pour compléter l'offre. Il s'agit de répondre au souhait des seniors dont les revenus sont compris entre le minimum vieillesse et moins de 2000 €/mois d'avoir un domicile adapté, dans un environnement sécurisant, avec un référent qui va coordonner, au fil des ans, les services et les soins à domicile qui seront nécessaires pour vieillir et mourir dans ce nouveau Chez Moi. Dans nos Résidences du parc social, les appartements sont essentiellement des T2 de 45/50 m2 : on est loin de la chambre d'EHPAD de 20 m2 (qui n'est d'ailleurs pas encore aussi grande dans tous les EHPAD de France...).
La rédaction
Quel est le profil type d'une résidence senior du parc social signée SOS seniors ?
Maryse DUVAL
Entre 45 et 70 appartements, essentiellement de type T2 (quelques T1bis et T3), en pavillons de plain-pied et ou en bâtiment collectif, comprenant quelques équipements communs ouverts sur l'extérieur (salle polyvalente, bureau du gestionnaire/animateur comprenant un point d'accès multimédia, espace Santé/Bien-être pour organiser des permanences de professionnels), pour un loyer compris entre 450 et 700 € par mois.
Elle est implantée à moins de 300 m des commerces et des services.
Les logements sont évolutifs (pour s'adapter à la perte progressive d'autonomie), mais non stigmatisants (on ne doit pas avoir l'impression d'être dans un établissement), et comportent une petite domotique.
Les extérieurs sont couvent composés de jardins partagés et d'un terrain de pétanque.
Elle dispose de 2 salariés : 1 gestionnaire/animateur et 1 agent polyvalent (mais aussi l'appui des 70 salariés du Siège), sans facturation supplémentaire aux résidents.
Elle est ouverte sur l'écosystème local et ses ressources et en devient, en retour, une ressource nouvelle pour le territoire où elle est implantée.
Elle fonctionne en coopération étroite avec la Ville, son CCAS, les associations locales.
Financée par un bailleur social investisseur, elles rentrent dans les quotas SRU.
La rédaction
Quelles sont les ambitions du groupe dans ce domaine ?
Maryse DUVAL
Le GROUPE SOS a pour ambition de répondre aux besoins, partout où ils sont peu ou mal satisfaits, pour peu que l'équilibre économique soit cohérent avec une accessibilité au plus grand nombre. Nous ne prospectons pas mais nous sommes à la disposition des Communes et des Bailleurs sociaux pour étudier avec eux la meilleure solution d'accompagnement du vieillissement sur un territoire.
La rédaction
Le groupe SOS est connu pour ses initiatives pour redynamiser les territoires ruraux avec par exemple les 1000 cafés (cf https://www.1000cafes.org/ ). Vous annoncez le développement d'une offre de Béguinages en milieu rural. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Maryse DUVAL
Nos aînés veulent vivre et mourir dans leur quartier, dans leur village. Nous cherchons à répondre à ce besoin, qui se caractérisent par des demandes de pavillons de plain-pied, de 8 à 20 unités. Si le modèle économique est difficile à trouver pour ces petites unités isolées, il l'est moins pour plusieurs unités disséminées dans les villages d'une Communauté de Communes et s'appuyant sur un équipement plus important (notamment un EHPAD), pourvu que le tout soit géré par le même exploitant : les mutualisations réalisables dans un rayon de 30 km doivent alors permettre de trouver un modèle, encore plus respectueux des attentes de nos aînés.
La rédaction
A quel horizon allez-vous ouvrir votre premier béguinage ?
Maryse DUVAL
Nous poserons bientôt la 1ère pierre de notre 1ère Résidence Seniors et Intergénérationnelle à Vocation Sociale en Alsace et pour la 2ème dans la Sarthe. Pour les béguinages, le projet le plus avancé est dans le Nord, mais il faut attendre encore un peu.
La rédaction
Pouvez-vous donner une idée des loyers de votre nouvelle offre ?
Maryse DUVAL
Ce sont les loyers du logement social : entre 450 et 700 €/mois.
La rédaction
On parle de plus en plus de logement inclusif. Comment abordez-vous ce sujet ?
Maryse DUVAL
Cette nouvelle offre du GROUPE SOS Seniors est à la croisée de l'habitat inclusif et de la nouvelle dynamique de l'aide à une vie partagée : nous sommes plutôt dans ce qu'on pourrait appeler « un appui à une vie inclusive ».
La rédaction
Vous êtes déjà un acteur dynamique très présent dans le domaine de la colocation jeune / senior. Comment cette offre va-t-elle s'intégrer dans votre nouvelle stratégie ?
Maryse DUVAL
Plus que de la colocation, nous sommes un acteur de la Cohabitation Intergénérationnelle Solidaire avec nos associations Le Pari Solidaire en Ile de France et 1Toit2Générations dans le Grand Est. Cette offre, qui désigne le fait pour une personne âgée de plus de 60 ans de mettre à disposition une chambre gratuitement ou avec un loyer diminué à un jeune de moins de 30 ans, étudiant ou actif, en échange d'une compagnie et de quelques services rendus, peut tout à fait s'intégrer dans nos Résidences Autonomie, nos Résidences Seniors Sociales ou nos Béguinages : après tout, « Chez Moi », je fais ce que je veux !
La rédaction
On voit fleurir des offres de colocation ou co-living entre senior dans le domaine du privé. Quid de la colocation entre senior dans le parc de logement senior ?
Maryse DUVAL
Nous avons inventé la colocation intergénérationnelle avec LE PARISOLIDAIRE qui existe depuis presque 15 ans et désormais Un Toit 2 générations dans le GRAND EST. Aujourd'hui ces associations sont reconnues et leur volumétrie augmente chaque année avec une déclinaison vers les bailleurs sociaux.
En ce qui concerne le GROUPE SOS Seniors, nous testons ce concept d'abord dans nos nouveaux EHPAD : partout où nous devons construire ou reconstruire, surtout après l'expérience de la sectorisation que nous a imposé la crise sanitaire, nous concevons nos EHPAD comme des unités de 12 à 14 lieux de vie par étage, dotés d'équipements propres dont des pièces collectives : petits salons, salle de restauration, tisanerie, salle de soin. Les étages de nos EHPAD deviennent autant de colocations qui peut d'ailleurs, en cas de crise sanitaire, vivre en autonomie sans que cette autonomie ne nuise au reste de l'équipement.
Mais pour l'instant, nous n'insérons la colocation qu'au sein de nos EHPAD : c'est aussi cela « Mon Ehpad, Mon domicile ».
La rédaction
Est-ce que les résidences de type intergénérationnelles entrent dans votre stratégie ?
Maryse DUVAL
Nos Résidences (Autonomie, Seniors Sociales) peuvent toutes être intergénérationnelles, mais à 2 conditions : que le besoin soit avéré et que la population âgée soit majoritaire afin de respecter notre objet social.
La rédaction
Un dernier mot à nos lecteurs
Maryse DUVAL
Pour avoir la liberté de choisir, il faut une diversité de produits et de dispositifs. Nos valeurs prônent la mixité sociale< ; Il est primordial pour nous d'offrir des services pour toutes les bourses, surtout les plus modestes !
Le GROUPE SOS Seniors fait tout pour que nos concitoyens âgés aient cette liberté de choix, en ville, comme en milieu rural. C'est pour cela que nous innovons en prenant le risque de sortir de nos murs.
Les Bailleurs sociaux innovent sans cesse dans le domaine du logement social avec des offres répondant aux attentes des Seniors en proposant des approches originales pour développer une offre de Logement Social Senior