«La musique de cet enregistrement reflète mon caractère. Elle dit à l'auditeur qui je suis», explique le guitariste Miloš Karadagli?, âgé de vingt-huit ans. Comme on peut l'attendre d'un citoyen du minuscule et turbulent Monténégro, ce caractère est marqué par une rare ténacité. La passion de Miloš pour la guitare lui est venue dès l'âge de huit ans, quand son père lui fit entendre un disque où Segovia jouait magiquement Asturias d'Albéniz.
À neuf ans, il fait sa première apparition en public, et remporte deux ans plus tard son premier concours national, gagnant le même jour un concours de chant. Par la suite, Miloš devient un interprète vedette à la télévision et à la radio, puis, à seize ans, poursuit son rêve d'enfance et décide d'auditionner à la Royal Academy of Music de Londres. «Pendant que mes parents étaient au travail, je me suis enregistré en vidéo cinq jours de suite dans notre salon. » Il est admis comme boursier. «Quand je suis arrivé à Londres, j'avais un terrible mal du pays. Mais, dans le même temps, j'étais soudain entouré de superbes professeurs dans une institution fabuleuse - j'étais enfin exposé au monde. »
Si dans son adolescence Miloš a pris pour modèle John Williams, passé le cap des vingt ans c'est Julian Bream qui devient la principale référence. «Sa sonorité et sa technique étaient très différentes de la mienne, mais écouter ses enregistrements était une source d'inspiration à tous les niveaux. Quand j'ai ensuite reçu le prix Julian Bream de ses mains, ce fut un grand honneur.»
Bon nombre des pièces enregistrées ici ont été écrites à l'origine pour le piano, mais elles paraissent parfaitement naturelles à la guitare. Andaluza et l'Oriental de Granados ont été arrangés pour la guitare par Miloš et son mentor Michael Lewin, de la Royal Academy de Londres. «C'est un défi, explique Miloš: pendant que l'accompagnement est arpégé en douceur à la basse, la mélodie en tierces arrive en haut. Jouer cela avec une seule guitare est tout à fait grisant.»
L'œuvre qui reflète la plus grande part de l'histoire de Miloš est la suite Koyunbaba (1985) du compositeur-guitariste italien Carlo Domeniconi: «Je l'ai entendue pour la première fois quand je venais d'arriver à Londres. Avec son thème tiré d'un chant populaire turc et son monde sonore magique, elle m'évoquait bien des souvenirs et tous ces lieux que j'avais quittés.»
Il était inévitable que figurent ici des pièces de Francisco Tárrega, père de la guitare moderne espagnole. «Des célèbres Recuerdos de la Alhambra à Lágrima et Capricho árabe, toutes les œuvres de l'album sont pures et magiques. En même temps, elles parlent tout autant au mélomane le plus cultivé qu'à l'homme de la rue. On y reconnaît la beauté et l'essence véritable de la guitare classique.»
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