Unapei : La prise en charge médicale des personnes handicapées mentales vieillissantes

Lors de son colloque, l’Unapei soulève la question de la prise en charge médicale des personnes handicapées mentales vieillissantes

Publié le 15 octobre 2009

    Quelles sont les pathologies liées à l’âge ? Comment les prévenir ? Comment les prendre en charge ? Lors de son colloque, l’Unapei tentera de répondre à ces questions par la mise en lumière d’expériences éloquentes émanant du secteur médico-social mais également du secteur sanitaire.

    Les personnes handicapées mentales connaissent prématurément les effets du temps, qui se manifestent par l’apparition de pathologies trop souvent mal décelées. Elles ont besoin de davantage de soins et de recours aux professionnels de la santé permettant le maintien d’un bien être.


  • L’avancée en âge des personnes handicapées mentales : les conséquences sur leur santé

    L’évolution de l’espérance de vie des personnes handicapées mentales connait une croissance équivalente à celle des personnes dites « valides ». Si une personne trisomique ne pouvait espérer vivre plus de 30 ans dans les années 70 , aujourd’hui elle peut atteindre plus de 60 ans. Cette longévité concerne toutes les personnes handicapées mentales, quelles que soient la nature et la gravité du handicap. Elle a été acquise grâce aux formes d’accompagnement spécialisé et de prévention développées par les associations de l’Unapei, mais aussi grâce aux progrès de la médecine.

    Même si les pathologies ne sont pas différentes de celles observées dans la population ordinaire (cancers, Alzheimer, problèmes cardiovasculaires…), elles peuvent apparaitre prématurément chez les personnes handicapées mentales et sont mal décelées.


    Ceci, pour plusieurs raisons :

    - les personnes handicapées mentales ont des difficultés à exprimer leur douleur,

    - il y a une tendance à attribuer les comportements peu habituels au seul fait de leur handicap,

    - pour elles, l’accès aux soins est un parcours semé d’obstacles,

    - le personnel de santé est très peu formé au handicap,

    - enfin, les établissements médico-sociaux ne peuvent proposer des emplois (ou des vacations) financièrement attractifs aux professionnels de santé.

    L’ensemble de ces facteurs provoque un risque pour la bientraitance des personnes.


  • L’indispensable collaboration des secteurs sanitaire &médico-social

    Avis d’un père d’un enfant polyhandicapé : Docteur Jérôme Colonna, Président de la commission Santé de l’Unapei

    "UNE APPROCHE 100% MEDICALE ET 100% SOCIALE"

    « Les personnes handicapées mentales ont 2,5 fois plus besoin de soins que tout un chacun. Or elles sont très peu suivies même pour leur besoins essentiels de santé : soins dentaires, soins ophtalmologiques, soins gynécologiques, …Si à tout âge les soins apportés aux personnes handicapées mentales laissent à désirer, lorsqu’arrivent les premiers signes de vieillissement les carences sont d’autant plus criantes. Ces besoins doivent être reconnus et mieux pris en charge à la fois par les établissements médico-sociaux qui les accueillent mais aussi par le corps médical. Il faut pouvoir apporter un équilibre entre ces deux secteurs. Les passerelles sont à développer pour offrir aux personnes handicapées mentales une approche 100% médicale et 100% sociale. Je recommande vivement aux établissements médico-sociaux de favoriser le recrutement de personnels soignants. Dans les MAS et les FAM , pourquoi ne pas employer un infirmier plutôt qu’un veilleur de nuit ? Pour cela, les établissements médico-sociaux doivent être pourvus des moyens nécessaires pour recruter et devenir un secteur attractif pour les professionnels de santé qualifiés.

    La mise en place des nouvelles Agences Régionales de Santé, qui rapprochent les deux secteurs, devrait théoriquement améliorer la collaboration. Nous serons attentifs à ce que cela se traduise dans les faits. » Une réelle coopération doit se développer entre les secteurs sanitaires et médico-sociaux en prenant en compte les besoins individuels des personnes et en créant les conditions d’un suivi efficace et coordonné des accompagnements et des soins.

    Les associations de l’Unapei innovent et agissent dans ce sens. Mais encore une fois, cela repose sur la bonne volonté des parties prenantes.


    Témoignage : Docteur Pierre Lagier, Président de La Chrysalide de Marseille

    "LA CREATION D’UNE COMMISSION SANTE"

    « Nous avons créé une commission Santé afin de promouvoir les parcours de soins, d’identifier les difficultés et d’aider à les résoudre dans le respect des règles déontologiques et du secret professionnel. Elle comprend des professionnels des deux secteurs (médico-social et santé) et des bénévoles. Une charte encadre nos actions (confidentialité, éthique).

    Parallèlement, il faudrait créer davantage de commissions handicap dans les établissements de santé »



  • Les revendications de l’Unapei

    La loi du 11 février 2005 pour « l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » pose le principe d’accès à tous pour tous, y compris l’accès aux soins.

    L’Unapei demande donc aux pouvoirs publics :

    - Les moyens nécessaires aux associations gestionnaires d’établissements pour avoir recours ou embaucher des professionnels de la santé afin de garantir la santé et la bientraitance des personnes handicapées mentales qui connaissent un vieillissement précoce.

    - La mise en place de protocoles de suivi médical individualisé et la mise en oeuvre d’initiatives participant à la sensibilisation et à la formation du corps médical et paramédical, avec les associations.

    - La formalisation de parcours de soins, clairement identifiés au sein des établissements de santé (définis dans les dossiers d'accréditation) et en médecine de ville (développement des réseaux de santé consacrés au handicap).

    - Le développement de la collaboration des secteurs médico-social & sanitaire.



  • À propos de l’Unapei :

    Créé en 1960, l’Unapei est le premier mouvement associatif français oeuvrant pour la représentation et la défense des intérêts des personnes handicapées mentales. Les associations affiliées à l’Unapei agissent pour répondre aux besoins et aux attentes des personnes handicapées mentales, favoriser leur insertion et leur permettre de vivre dignement avec et parmi les autres.

    L’Unapei est un mouvement national qui fédère près de 600 associations présentes au niveau local (Apei, Papillons Blancs, Chrysalide, Envol…), départemental (Adapei, Udapei, Association tutélaire) et régional (Urapei).


    L’Unapei en chiffres :

    - 180 000 personnes handicapées accueillies

    - 60 000 familles adhérentes des associations affiliées

    - 3 000 établissements et services spécialisés

    - 75 000 professionnels employés dans les associations et les établissements



Plus d’informations sur : www.unapei.org


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