UNA: "Et si les personnes n'étaient pas seulement des statistiques ?"

La polémique sur le nombre d'emplois crées dans le secteur des services à la personne ne doit pas marquer le véritable enjeu, celui de la qualité et de la professionnalisation des métiers et des services rendus.

Publié le 19 mai 2008

Suite à la parution d’un article de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) mettant en cause l’efficacité du Plan Borloo, UNA (Union Nationale de l’aide, des Soins et des Services aux domiciles souhaite apporter quelques précisions concernant la création et surtout la politique de l’emploi dans le secteur des services à la personne.

  • 1er constat : le débat autour de la quantité d’emplois réellement crées ne doit pas masquer la problématique du recrutement des personnels, critique pour ce secteur d’activité. Selon les projections de la DARES, si la tendance à la hausse des intentions de recrutement se confirme en 2008 (+ 3000 projets par rapport à 2007, les métiers relevant des services à la personne restent considérés par les employeurs comme des profils difficiles à recruter. Or, si les besoins en la matière veulent être assurés, 673000 emplois doivent être crées d’ici 10 ans. Pour sa part, le réseau UNA a réalisé 57475 embauches et créé 11610 emplois nets en 2006.
  • 2ème constat : pour recruter, le secteur doit gagner en attractivité en proposant des rémunérations correctes et des perspectives d’évolution. Pour garantir la qualité du service rendu et faire face à des problématiques d’accompagnement à domicile de plus en plus complexes, l’effort de qualification des personnels doit être continu. Le véritable enjeu du secteur est donc bien celui de la qualité des emplois créés et de la professionnalisation. Sur ces questions de qualité d’emploi, l’ANSP a élaboré en 2006 une feuille de route sur la professionnalisation des Services à la Personne, comprenant un certain nombre de mesures très concrètes. UNA a soutenu cette avancée et considère que les dispositifs de soutien figurant dans le Plan de développement des Services à la Personne initié en 2005 doivent être poursuivis.
  • Plus précisément, UNA milite pour :

  • Une hausse significative des rémunérations
    La question des rémunérations constitue un facteur clef de l’attractivité des métiers.
    Rappelons que dans le secteur de l’aide à domicile, certains minimums conventionnels se situent encore en-dessus du SMIC (les quatre premiers niveaux de la catégorie A et les deux premiers niveaux de la catégorie B, ce qui représente plus de 35% des salariés de la branche ! Pour exemple de rémunération fréquente, une salarié non diplômée, relevant de la catégorie A à temps plein et ayant 20 ans d’ancienneté, perçoit aujourd’hui un salaire mensuel 1 482,05 € brut, ce qui n’est supérieur que de 13% au niveau du SMIC actuel !
  • L’ensemble des partenaires sociaux de la branche ont d’ailleurs interpellé sur cette question la Direction générale de l’action sociale (DGAS) ainsi que Mr Xavier BERTRAND, Ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité.

    Au-delà de la publication d’une étude ponctuelle et de la polémique sur les chiffres de création d’emplois, UNA souhaite que soit rapidement étudiée par les pouvoirs publics cette question des rémunérations.

  • Une politique ambitieuse de formation
    Contrairement à une idée encore largement répandue, les métiers d’aide, de soins et d’accompagnement à domicile nécessitent des compétences réelles, aussi bien humaines que techniques ainsi qu’une formation complète.
  • UNA s’implique déjà fortement dans cette logique, en poursuivant le travail d’accompagnement vers la qualification via la Validation des Acquis de l’expérience (VAE) et des parcours de formation classique. Mais ces efforts se heurtent à la volonté des financeurs (les Conseils généraux en particulier de porter les tarifs à la baisse et surtout de ne pas prendre en charge les rémunérations correspondant à la qualification. Il est inadmissible d’entendre encore parler du danger de surqualification pour des diplômes de niveau V ou d’entendre évoquer la mise en place de quotas dans les structures !

    Par ailleurs, comme le soulignait le rapport du CERC(3) parus en février 2008, les perspectives de carrières, les temps plein et les formations sont plus faciles à organiser au sein d’une structure prestataire qu’en emploi direct (dit « gré à gré »). Pour la formation de l’ensemble de leurs salariés, les structures de la branche professionnelle de l’aide à domicile cotisent à hauteur de 2,1% de leur masse salariale (l’obligation légale de cotisation étant de 1,6%, quand la cotisation du particulier employeur n’est que de 0.15% (Source FEPEM).

  • La prise en compte des coûts de la professionnalisation des services d’aide et d’accompagnement à domicile par les financeurs, en particulier les Conseils généraux.
    UNA demande donc la mise en oeuvre de l’autorisation et de la tarification dans le cadre des interventions réalisées auprès des publics fragilisés par l’ensemble des Conseils généraux et plus largement par l’ensemble des financeurs dans le respect de la loi du 2 janvier 2002.
  • Ces problématiques de qualité, de professionnalisation et de financement font partie des questions centrales posées au sein du débat autour du projet de loi en préparation sur le 5ème risque de protection sociale. Pour en savoir plus sur les positions UNA à ce sujet, demandez le « Manifeste pour un véritable 5ème risque de protection sociale et une prise en compte spécifique des enjeux du maintien à domicile ».


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