Consultation préventive pour les seniors prise totalement en charge par l'assurance maladie

La loi de financement 2007 de la Sécurité Sociale met en place pour les personnes de plus de 70 ans une consultation préventive, prise en charge à 100% par l'Assurance Maladie.

Publié le 23 février 2007

La loi de financement 2007 de la Sécurité Sociale met en place pour les personnes de plus de 70 ans une consultation préventive, prise en charge à 100% par l'Assurance Maladie.


Confiée au généraliste, elle permettra de lutter contre la dépendance. Elle facilitera le maintien d’une vie active grâce à la compensation des handicaps existants et à la prévention de l’accueil en institution.


Dans cette perspective, des expérimentations sont en cours, notamment dans les Hauts de Seine et le Val de Marne. Elles devraient conduire les généralistes à faire appel à une liste de questions, courtes et fermées. Celles-ci aideront les médecins traitants à détecter rapidement les risques de dépendance et à approfondir le diagnostic avec leurs patients.


Les domaines médicaux concernés sont l’incontinence, l’ostéoporose, la dépression et la nutrition. Les troubles de la mémoire et du comportement sont naturellement pris en compte pour le diagnostic, car ils figurent parmi les principaux symptômes à identifier.


Cette mesure sera généralisée à partir de juillet 2007. Dans le cadre du plan solidarité grand age, son financement correspond à une prise en charge par l'Assurance Maladie de quelques 100000 consultations annuelles chez le médecin traitant.


Il s’agit d’une importante décision de santé publique dont nous avons soutenu le principe lors des 1 ères rencontres parlementaires sur la santé mentale de février 2006.


Ci-après, vous trouverez une contribution de la Clinique de la Mémoire à ce chantier, publiée en juin 2006 sur les avantages du dépistage précoce de la perte d’autonomie.

DES AMALGAMES PREJUDICIABLES AU DEPISTAGE PRECOCE

1. DES AMALGAMES PREJUDICIABLES AU DEPISTAGE PRECOCE

La perte d’autonomie en France est souvent perçue dans le grand public comme une fatalité.
L’amalgame est souvent fait avec la maladie dégénérative d’Alzheimer qui en est une des formes les plus sévères. Cette perception grossière alimente une crainte de vieillir déjà souvent très vive.
Enfin, les chiffres, récemment établis sur cette maladie, ne sont pas faits pour rassurer le grand public !


  • C’est ainsi que l’Office Parlementaire d’Evaluation des Politiques de santé (OPEPS) - dont la qualité du travail a été unanimement saluée par les milieux professionnels concernés – a fait connaître il y a quelques mois l’ampleur insoupçonnée de la maladie d’Alzheimer, tout comme le piètre dépistage dont elle est l’objet.
  • 855 000 personnes en sont atteintes en France, plus de 225 000 nouveaux casapparaissent tous les ans. Il s'écoule en moyenne 2 ans entre les premiers symptômes etle diagnostic. Au stade précoce de la maladie, ce diagnostic n’est posé que dans un cas surtrois. Au stade avancé, ce sont encore 50% des cas qui ne sont pas diagnostiqués …


COMMENT GENERALISER LE DEPISTAGE PRECOCE ?

Beaucoup de chemin reste à parcourir en France pour combler l’écart entre la réalité décrite par l’OPEPS et l’accès aux marges de manoeuvre thérapeutiques qui existent grâce aux consultations mémoire utilisées à bon escient.


Parmi les raisons qui l’expliquent, et qui sont maintenant bien connues, on peut citer les facteurs suivants :


  • La crainte des familles et le déni des patients qui repoussent d’autant les consultations auprès du corps médical.
  • Les médecins traitants qui ne disposent pas du temps nécessaire au dépistage ou utilisent parfois des tests simples, d’usage rapide (MMS), dont le spectre ne couvre qu’une partie des situations qu’ils rencontrent.
  • Les protocoles qu’appliquent les consultations mémoire des hôpitaux, qui se déroulent souvent sur de nombreux mois, période que le patient ne rattrapera pas.
  • L’action des molécules disponibles qui est efficace pour ralentir un déclin cognitif, mais qui ne permet pas aux familles de facilement se rendre compte du temps qu’elle permet de gagner et qui peut aller jusqu’à plusieurs années.

Dans ce contexte, on se limitera, ici, à brosser rapidement le cadre qui nous parait le mieux adapté à la généralisation d’un dépistage précoce. Ce dépistage, efficace au plan médical, réalisé à distance, intégré en ambulatoire aux parcours de soins des patients, est réalisable sur la base de questionnaires. Il permet, en outre, d’optimiser l’usage des ressources financières disponibles aux plans individuel et collectif.


  • Le « dépistage » recouvre aujourd’hui des réalités médicales diverses, comme cela peut être le cas d’un patient d’Alzheimer à un stade avancé qui est adressé à une consultation mémoire. Or, un véritable dépistage précoce est réalisable à distance au moyen de questionnaires qui ont été validés. Ce dépistage précoce permet de détecter une fraction importante des personnes - environ 80% - pour lesquelles il serait bénéfique.

  • Ce dépistage à distance en ambulatoire est adapté tant aux contraintes des médecins de ville qu’à celles de leur patient. Il s’agit d’un « service de proximité » qui s’appuie sur les médecins traitants. Il consolide les outils dont ceux-ci disposent pour les nouvelles missions qui leur sont confiées, notamment dans le domaine de la prévention. La mise en oeuvre opérationnelle de ce dépistage peut être confiée à d’autres libéraux.

  • Ce dépistage précoce, d’un coût bien moindre que celui d’une consultation mémoire complète, permet de généraliser le dépistage dans des conditions économiques viables. Il contribue à optimiser l’usage des ressources disponibles en ne faisant appel aux consultations mémoire que là où c’est nécessaire. Ce dépistage précoce justifierait largement que la Sécurité Sociale étudie les conditions d’une prise en charge financière de sa part.


DES MARGES THERAPEUTIQUES GRACE AU DEPISTAGE PRECOCE

Face à « une perte d’autonomie » et aux plaintes mnésiques qui l’accompagnent, ce sont des consultations médicales de type consultation mémoire qui permettent de poser les différents diagnostics médicaux qu’il est possible de rencontrer. Or, au moins au plan statistique, ces diagnostics ne sont pas ceux que le grand public imagine et redoute.


Parmi les personnes qui s’adressent aux consultations mémoire, tant en France qu’à l’étranger1, on observe, en effet, que seulement 20% des patients qui consultent relèvent effectivement de la maladie d’Alzheimer.


  • Au regard des tests neuropsychologiques, 20% d’autres patients sont « normaux », pouvant souffrir de troubles liés, par exemple, à une dépression passagère
  • Pour les 60% de cas restant, ce sont une cinquantaine d’autres diagnostics médicaux qui doivent être posés.
  • Enfin, il est essentiel de souligner que le médecin est face à une cause ou un facteur curable dans 1 cas sur 3 et à une maladie qui se traite dans la majorité des cas.

Cette situation médicale, beaucoup plus encourageante que ce que redoutent les familles, n’est cependant accessible qu’à la condition que le dépistage intervienne suffisamment tôt. Les marges thérapeutiques dont le médecin dispose sont d’autant plus importantes qu’il intervient en amont.


1 Hogh P et al. European Journal of Neurology 1999 ;6 :279-88

Le facteur temps reste par la suite fondamental pour permettre que les prises en charge se fassent dans les meilleures conditions, tant pour le patient que pour les aidants. Même face à une maladie d’Alzheimer, l’action des molécules, efficace pour ralentir le déclin cognitif, ne permettra cependant pas de rattraper le temps durant lequel le patient n’aura pas été traité2.



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